NON, le manioc n’est pas africain ! Il faut d'abord savoir que le manioc n'est absolument pas un aliment africain. A l'origine il ne poussait qu'en Amérique du sud où il s'appelle tapioca, et ce sont les colons qui l'on introduit en Afrique pour nourrir à peu de frais les boys, les esclaves et plus tard les ouvriers. Paradoxalement, cette nourriture d'esclave est devenue petit à petit un aliment traditionnel ( ?!!), et il est inconcevable qu'un Africain puisse désormais prendre un repas sans sa boule de foufou (farine de manioc), son pain de gélatine de manioc ou sa chikouang (manioc au piment).
Les parents se moquent éperdument ou ne se préoccupent pas convenablement de la santé de leurs enfants et ne voient que l'aspect économique du manioc : la farine de manioc ou foufou ne coûte pas cher et permet de nourrir une famille nombreuse sans se compliquer la vie : de l'eau bouillante, de la farine et éventuellement un peu de sel, et on mélange jusqu'à obtenir une masse molle, élastique et immangeable. Les enfants mangent ça sans se plaindre parce qu'ils ne connaissent rien d'autre; ils mastiquent longtemps car c'est réellement un étouffoir. Selon son mode de préparation, la farine de manioc peut aussi bien provoquer la diarrhée que la constipation.
Le manioc est un poison !
De nombreux ouvrages de toxicologie alimentaire, dont celui du professeur allemand Nieldorff, révèlent en détail les dangers de la consommation courante du manioc. D'abord, la préparation du manioc à base d'eau favorise la concentration d'une substance chimique mortelle, l'acide cyanhydrique, plus connu sous le nom d'acide prussique, présent dans les tubercules et dans les feuilles de la plante. Les sels de cet acide sont mortels; on les appelle cyanures, et leurs dérivés sont toxiques, ce sont les glucosides cyanogènes ou linamarines. Bien qu'ils n'entraînent pas la mort à faible dose, ils sont toujours présents dans l'alimentation à base de foufou ou manioc et causent des troubles divers du tube digestif et du système nerveux : constipation, acidité gastrique, ulcères, furonculose, obésité, diabète, tremblements, dyslexie, bégaiement.
Un homme qui aura mangé toute sa vie du manioc vieillira mal; il souffrira d'hémorroïdes (causée par la constipation chronique), de varices, de sénilité, voire de gâtisme, mais surtout, il sera frappé de cécité, de coma ou de paralysie. De toute manière, son espérance de vie ne saurait dépasser la soixantaine alors que l'espérance de vie normale d'un individu sain devrait dépasser largement la limite des 90 ans. Bien plus les femmes enceintes qui prennent souvent la pâte de manioc, donnent naissances à des crétins dans des proportions trop élevées ce qui peut retentir sur le quotient intellectuel de tout un peuple avec des effets graves sur l’élan vers le développement endogène.
Des gens meurent souvent empoisonnés par du manioc mal préparé. Quand on le laisse dans l'eau, avec les températures élevées propres au climat africain, les cyanures se forment au cours de la fermentation. Dans la tradition africaine, lorsque quelqu'un meurt empoisonné, la communauté préfère toujours rechercher la cause de l'empoisonnement dans une pratique de sorcellerie ou d'envoûtement. Jamais on n'imagine que la mort peut être causée par le manioc. Cela est dû à la fois à l'ignorance et au poids des traditions encore tenaces dans certains villages.
Le manioc, un faux aliment !
Il faut aussi souligner que la plupart des ouvrages de diététique et d'hygiène alimentaire dénoncent les méfaits des aliments tels que le manioc, les pâtes et les patates en affirmant qu'ils n'ont aucun pouvoir nutritif : ni vitamines indispensables pour la santé, ni protéines indispensables pour l'entretien et le renouvellement des tissus organiques, ni lipides indispensables pour donner de l'énergie au corps, ni fibres indispensables au transit intestinal. Le manioc n'est constitué que d'une variété insipide de fécule et se classe donc dans les aliments glucidiques. Fournissant des sucres à assimilation lente, le manioc favorise l'excursion pondérale (prise de poids), surtout chez les femmes qui, par coutume en Afrique, font moins d'exercice que les hommes et ont donc une tendance endémique à l'obésité.
Maladies causées par le manioc
L'obésité a elle-même des conséquences néfastes sur le système cardio-vasculaire et tout le monde sait aujourd'hui que les "gros" sont beaucoup plus sujets que les "maigres" aux accidents cardiaques : hypertension, infarctus, myocardite, cardiopathies, angine de poitrine, essoufflement, souffle au coeur, crise cardiaque, artériosclérose, obstruction des coronaires.
Le coeur de l'obèse est entouré de graisses superflues; il doit fournir un effort supplémentaire pour pomper, car il doit en même temps déplacer toutes ces graisses... Il fatiguera donc plus vite.
Il ne peut pas y avoir de manioc dans l'alimentation d'un sportif.
Le manioc provoque le diabète
Les spécialistes de la nutrition sont frappés par la superposition géographique des zones productrices de manioc et de celles ou sévit le diabète tropical. Trop pauvre en soufre, le manioc provoque et entretient une intoxication chronique par l'acide cyanhydrique, responsable des lésions pancréatiques calcifiantes et par voie de conséquence, de l'apparition du diabète, de l'augmentation anormale de la glycémie (c'est-à-dire du taux de sucre dans le sang) et de la prise excessive de poids dans le cas du diabète gras ou d'un amaigrissement extrême susceptible d'entraîner la mort dans le cas d'un diabète tropical.
Le manioc provoque le goitre endémique et le crétinisme
Une étude scientifique avait été menée en RDC ( Zaïre à l’époque des faits ) dans les années septante financée par le gouvernement canadien et exécutée par des chercheurs belges, canadiens et congolais dans l’île d’idjwi et la province de l’équateur : l’étude portait sur le rôle du manioc dans l’étiologie du goitre endémique et le crétinisme ; non seulement l’étude avait mis en évidence la corrélation proportionnelle entre les prévalences du goitre, du crétinisme et la consommation du manioc, mais la conclusion de l’étude est accablante nous citons : « l’ensemble de ces observations met clairement en évidence que le goitre endémique sévère masque en réalité une plaie sociale et médicale d’une gravite exceptionnellement importante au point de vue de la santé publique et constituent très probablement un frein considérable au développement socio économique de ces populations. » (1)
Urgence d’une information pédagogique auprès des populations
Quand un médecin affirme que le manioc est dangereux, voire mortel, les gens sont amusés, personne ne prend cela au sérieux. Un travail important d'éclairage, d'information et de pédagogie est nécessaire pour éduquer ou rééduquer le peuple africain vers une alimentation plus équilibrée et plus saine.
La seule solution au fléau du manioc serait une prise de position des pouvoirs locaux afin de rééduquer les populations et interdire peu à peu le manioc en développant des aliments de substitution comme la banane, l’amarante, le maïs, le blé et le soja.
« Les résultats tangibles seront atteints grâce à deux types de mesures :
sur le plan diététique, il faudrait tenter de faire appliquer par les populations à risque des procédés de préparation du manioc assurant une complète libération de son contenu en acide cyanhydrique.
Sur le plan agricole, il y a un intérêt évident à promouvoir l’utilisation systématique de sous espèces de manioc contenant des concentrations minimales de linamarine »(1)
(1) Sources : Role of Cassava in the Etiology of Endemic Goitre and Cretinism
(1) Editors : A.M. Ermans, F. Delange : Hopital St Pierre, Brussels , Belgium
N.M. Mbulamoko: Institut de Recherche scientifique, Kinshasa, Zaïre
R. Ahluwalia : Program Officier, Health Science Division, IDRC, Ottawa , Canada
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