Les députés guinéens ont refusé vendredi à l'unanimité de proroger l'état de siège, comme le leur demandait le président Lansana Conté. L'état d'exception qui accordait de vastes pouvoirs à l'armée prend donc fin vendredi soir.
Les 86 députés présents lors de la session extraordinaire convoquée à cet effet ont voté contre la prorogation qui imposait couvre-feu, barrages sur les routes et perquisitions militaires au pays depuis deux semaines, a précisé le président de l'Assemblée nationale Aboubacar Somparé.
Le président Conté avait décrété la loi martiale pour deux semaines suite à la reprise d'une deuxième vague de manifestations anti-gouvernementales violentes, déclenchées après la désignation par Lansana Conté d'un nouveau Premier ministre, Eugène Camara, un de ses proches. La crise dans laquelle est plongée la Guinée, marquée principalement par la grève générale qui paralyse le pays, a fait plus de 120 morts depuis la mi-janvier.
En vertu de la constitution guinéenne, le président n'a pas le pouvoir de prolonger l'état de siège, décision qui revient à l'Assemblée nationale. Et le camouflet est d'autant plus important pour Conté que cette assemblée est contrôlée par son parti, le Parti de l'Unité et du Progrès (PUP).
Rabiatou Serah Diallo, qui dirige l'un des deux principaux syndicats du pays à l'origine du mouvement de contestation, a affirmé que la grève générale allait se poursuivre jusqu'à ce que les discussions en cours sur les pouvoirs du président aboutissent. Elle s'est réjouie de ce vote de vendredi: "si même les députés du président s'y mettent, cela veut dire que nous, les syndicats, sommes sur le bon chemin", a-t-elle déclaré. AP