Les 13 000 habitants de Womey avaient presque déserté la sous-préfecture. Il n’y restait qu’une cinquantaine d’âmes.
Face à « l’assassinat de citoyens guinéens dont des représentants de l’Etat dans l’exercice de leur fonction »,le Premier ministre a fait une déclaration radiotélévisée dans la soirée du jeudi, 18 septembre 2014. Les propos de Mohamed Saïd Fofana ont été recueillis et transcrits par Conakryonline :
« Dans la journée du mardi 16 septembre 2014, une délégation des autorités administratives de la région administrative de N’Zérékoré et de la sous-préfecture de Womey s’est rendue dans la localité de Womey. Cette délégation était composée du gouverneur de la région administrative de N’zérékoré, du préfet de N’zérékoré, du directeur préfectoral de la Santé, du directeur général adjoint de l’hôpital régional de N’zérékoré, du pasteur évangéliste de la sous-préfecture de Zao, de deux techniciens de la Radio Rurale de N’zérékoré et d’un journaliste de la radio Fm Liberté.
En compagnie du sous-préfet de Womey, accompagné de son fils et du chef du centre de Womey, la mission s’est employée à sensibiliser la population locale sur la lutte contre l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Il s’en est suivi une réaction hostile des habitants de la localité qui, à l’instar de certaines populations, continuent à être intoxiqués par des informations tendant à faire croire soit, que cette maladie n’existe pas, soit qu’elle a été créée pour les éliminer.
Devant les jets de pierres et les violences physiques, les membres de la délégation n’ont eu d’autres choix que de s’en fuir. Si certains ont pu rejoindre N’zérékoré, neuf membres de la délégation étaient jusqu’à ce jour, portés disparus.
Une mission de recherche composée des autorités administratives et sécuritaires, accompagnant le Procureur de la République et le médecin légiste, a été dépêchée sur les lieux. A cette heure-ci, il a été déjà découvert sept corps sur les neuf disparus.
Le gouvernement condamne avec la plus ferme énergie, l’assassinat de citoyens guinéens dont des représentants de l’Etat dans l’exercice de leur fonction. Cet acte témoigne d’une cruauté intolérable et injustifiable quelles que soient les circonstances. Cela est d’autant plus regrettable que cet événement intervient au moment où la communauté internationale se mobilise pour accompagner les pays affectés dans leur lutte contre la fièvre hémorragique à virus Ebola.
Le gouvernement assure que ces crimes ne resteront pas impunis et recevront la réponse judiciaire appropriée. Déjà une enquête judiciaire a été ouverte. Toutes les personnes impliquées dans ces assassinats crapuleux seront traquées et traduites devant les juridictions pour recevoir la sanction prévue par la loi.
A ce jour, six personnes ont été déjà interpellées. Les forces de sécurité restent déployées pour appuyer l’enquête en cours.
A cette occasion, le gouvernement présente ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes. Il appelle les braves populations guinéennes à rester soudées face à l’épreuve qui nous est imposée par l’épidémie. Ce combat doit être l’occasion pour les Guinéens de taire leur différence et de se présenter soudés dans cet effort national.
Nous rassurons les Guinéens et ceux qui nous aident que l’Etat ne se laissera pas distraire par des actes irraisonnés et irresponsables. Le gouvernement et les forces vives de la nation restent mobilisés derrière le leadership du président de la République, le Pr. Alpha Condé dans sa mission de préservation de la paix, de l’unité nationale, de la santé et de la sécurité des populations ».
Propos recueillis et transcrits par Ibrahima S. Yansané, pour www.Conakryonline.com