Ebola au Sénégal : La vie de l’étudiant guinéen qui a introduit le virus est désormais menacée

Le lundi, 1er septembre 2014, le Président Macky Sall, parlant de l’étudiant guinéen qui a introduit le virus d’Ebola au Sénégal a eu des propos de fermeté à l’encontre de l’infortuné : « S'il n'était pas malade, il serait envoyé en prison ». Visiblement en colère, le Président Sall a martelé : « Si le jeune guinéen n'était pas atteint d'Ebola, la justice aurait déjà mis la main sur lui. On ne peut pas être conscient de porter une maladie très contagieuse et se permettre d'entrer dans un pays ».

Quelques heures après ces propos, des jeunes ont foncé sur l’hôpital où se trouve mis en quarantaine le jeune guinéen pour attenter à sa vie. Heureusement, plus de peur que de mal, notre compatriote aura la vie sauvée comme l’indique un site web du pays de la Terranga : « Des jeunes se sont rendus à Fann juste après l’hospitalisation du Guinéen pour attenter à sa vie. Ces jeunes gens fou furieux digéraient mal le fait que ce jeune étudiant guinéen prenne la décision de venir s’installer au Sénégal en sachant qu’il était porteur du virus Ebola et étaient déterminés à lui faire la peau. Il a fallu faire appel aux forces de l’ordre pour les disperser. C’est la Ministre de la Santé, Eva Awa Marie Col Seck qui a raconté l’incident ».

Face à la nouvelle tournure que prend la gestion de la fièvre hémorragique à virus Ebola, le Président du parti politique GéCi, Génération Citoyenne, Fodé Mohamed Soumah a fait une déclaration dont copie est parvenue à la rédaction de Conakryonline. En voici un extrait :

Fodé Mohamed Soumah commence par reconnaitre que « L’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola qui frappe aujourd’hui l’Afrique de l’ouest est une menace pour la vie de nos concitoyens. Pour ces raisons, elle requiert beaucoup de sang-froid, de professionnalisme, de rigueur mais aussi de solidarité.

Lorsque le Sénégal a décidé de fermer ses frontières, nous avons été les premiers à saluer cette décision des autorités sénégalaises pour la bonne et simple raison qu’il fallait éviter à tout prix que l’épidémie ne se propage et multiplie les zones à risque de la maladie. Une fermeture de frontière ne signifie pas une déclaration de guerre ni la remise en cause des relations diplomatiques ».

Par rapport à « ce virus dévastateur qui n’a pas encore de vaccin ni de traitement médical, il faut cloisonner ceux qui se trouvent en zone épidémique à y rester et interdire à ceux qui ne s’y trouvent pas de s’y rendre jusqu’à l’extinction de l’épidémie. C’est dans ce cadre qu’une limitation des déplacements pourrait se comprendre ».

Toutefois, le Président de la GéCi relève que « la récente sortie de la plus haute autorité de ce pays frère, en l’occurrence Monsieur Macky Sall, Président de la République qui, sur un ton très dur et menaçant, déclarait que le jeune guinéen aurait pu être jugé et enfermé pour avoir enfreint les lois de son pays, nous a fait froid dans le dos. Cette sortie malheureuse tranche avec le caractère calme et mesuré que l’on connaissait de l’homme. Mais la pression populaire et le syndrome que crée ce virus au sein des populations ne peuvent expliquer un tel comportement face à cette situation inattendue ».

L’homme politique de poursuivre sa déclaration en demandant « aux autorités de nos deux pays, d’éviter de verser dans la stigmatisation et la gestion politique de cette affaire afin de ne pas entrainer les populations dans une "chasse aux malades/sorcières" qui pourrait déboucher sur une crise grave comme entre certains pays frères il y a quelques décennies.

Il faut savoir faire preuve de grandeur, d’humanisme et de hauteur en toutes circonstances. La psychose ne doit pas céder le pas à la panique. C’est le lieu d’interpeller les dirigeants africains à investir dans la recherche devant le peu d’intérêt des firmes pharmaceutiques face à l’apparition de ce virus depuis 1976. L’absence de l’implication de la CEDEAO à ce jour, en est la parfaite illustration. Ce cri du cœur touche des maladies récurrentes comme la drépanocytose, le paludisme, etc. La fièvre hémorragique Ebola est devenue l’affaire de tous ».

Mohamed Fayad Bah, pour www.Conakryonline.com

Top Top