Opposition : Quelle attitude face au recul de la CENI ?

En publiant le communiqué annonçant le report des opérations de révision des listes électorales, c’est comme si la commission électorale nationale indépendante (CENI) avait coupé l’herbe sous les pieds de l’opposition politique guinéenne, à moins que ce ne soit une concession déguisée des autorités à l’un des préalables posés par l’ADP et le collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition, à tout processus de dialogue avec le gouvernement. Quoiqu’il en soit, c’est là une décision par rapport à laquelle, les adversaires du Pr. Alpha Condé peuvent avoir des réactions diverses et mêmes contraires...

Tout d’abord, si le report des opérations de révision des listes électorales est perçu comme « l’arrêt de tous les agissements actuels de la CENI » que le collectif n’avait pu obtenir lors de la rencontre du 26 septembre dernier, avec le premier ministre, il est possible que l’opposition voit dans cette décision de la CENI, une certaine victoire se rattachant aux dernières manifestations. Dans ce cas, certains membres de l’opposition peuvent bien se dire que cette méthode pouvant marcher, il faut continuer à exercer une pression accrue sur le gouvernement, en vue de le contraindre à céder sur l’autre préalable que constitue la libération des manifestants arrêtés le 27 septembre dernier. Ce point de vue pourrait notamment être nourri par l’aile dite dure de l’opposition guinéenne.


Mais en face, une autre partie de cette opposition peut estimer qu’en cédant sur ce premier point, le gouvernement a fait preuve d’une bonne foi qu’il faut bien saisir. Surtout que jusque-là, la réussite d’un quelconque dialogue politique était plutôt incertaine. Du coup, la libération des militants serait abandonnée comme préalable, même si elle doit revenir au nombre des points à débattre, dans le cadre du dialogue qui s’ouvrirait alors.

D’un autre point de vue, si cette décision est interprétée comme un geste du gouvernement, l’opposition pourrait bien trouver là l’occasion de faire valoir le manque d’indépendance de la CENI vis-à-vis des autorités gouvernementales. En effet, ce serait que l’institution en charge de l’organisation des élections en Guinée, se soit abritée derrière des problèmes logistiques pour faire passer une volonté du gouvernement qui ne voulait pas paraître explicitement avoir cédé aux exigences de l’opposition. Et si ce lien là est établi, c’est un motif suffisant pour que les opposants insistent davantage sur la nécessité de restructuration de la CENI.

      
Fodé Mara, CONAKRYONLINE


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