Mais il est clair que pour qu’ils réussissent une telle prouesse, le président de la République en personne a dû céder à la tentation. C’est à croire que toute la communication qui avait été distillée au lendemain du 19 juillet par le Pr. Alpha Condé était savamment orchestrée. Quitte ensuite à user de voies plus subtiles pour se faire applaudir et glorifier. Car autrement, il est incompréhensible que quasiment chaque jour, le palais présidentiel soit empli de nombreuses délégations venues des coins les plus reculées du pays. Or, c’est justement ce à quoi on a à faire.
Les gens viennent en grand nombre et prennent le soin de se faire accompagner par des spécialistes dans l’art oratoire pour servir sur fond d’une démagogie manifeste de longs et mielleux discours. Alors qu’en réalité l’objectif visé est d’impressionner au maximum le chef de l’Etat dans l’espoir que l’ampleur du gain en sera tributaire. Les gens semblent si bien rôdés dans cet art de tirer le maximum de profit de la naïveté du chef qu’ils n’hésitent pas à jouer sur les cordes de l’émotion et de la sensibilité en drainant avec eux les personnes les plus indigentes.
Mais l’autre danger que l’on peut éprouver avec le retour en force de cet opportunisme, c’est bien le caractère communautaire et communautariste que l’on voudrait lui donner. En effet, ces derniers temps, les différentes délégations respectives qui ont été reçues en audience au palais Sékhoutouréyah n’avaient en commun que leur appartenance à la même région, à la même CRD ou encore à la même communauté ethnique. D’ailleurs, certaines d’entres elles en ont profité pour plaider les causes d’un des leurs auprès du chef de l’Etat.
Cette attitude qui tient davantage à la volonté du président de la République est d’autant plus regrettable qu’elle réduit considérablement le temps que celui-ci devrait consacrer à des domaines et à des actions autrement prioritaires pour le développement du pays. Sans oublier toutes les menaces que la démarche communautariste de cet opportunisme peut faire peser sur la nécessaire cohésion entre les Guinéens.
Lamine Camara, Conakryonline