Parlant de la décision simultanée de la Guinée, du Niger et du Bénin à souscrire à la reconnaissance de la souveraineté du Kosovo, la France, par le biais d’un communiqué via son ambassade en Guinée dit « saluer ces décisions qui contribuent à renforcer la stabilité des Balkans occidentaux et à ancrer la République du Kosovo dans la communauté internationale ». Alors que la décision ait été prise une semaine plus tôt, sans que les autorités n’aient pris la peine d’avertir l’opinion nationale, celle-ci ne devait être informée que le biais de ce communiqué. Ce n’est pas là particulièrement une attitude empreinte de respect à l’égard des Guinéens. C’est d’autant plus déplorable que c’est dans la démarche de reconnaissance de souveraineté d’un autre pays que celle de la Guinée semble ainsi avoir été diminuée.
Car cette précipitation de la France à saluer les décisions prises par les gouvernements respectifs de la Guinée, du Niger et du Bénin ne semble pas anodine. A l’évidence, c’est là une attitude qui peut s’interpréter comme la volonté de se réjouir de l’aboutissement d’une démarche quasi exclusivement orchestrée par la diplomatie française. Ainsi, la France s’empresserait-elle de brandir son trophée.
Un autre argument milite en faveur de l’implication active et décisive de la France dans la décision de ces trois pays qui se disent pourtant souverains, c’est le fait qu’au niveau intérieur, rien en apparence ne justifie que la Guinée notamment reconnaissance l’indépendance du Kosovo. Le pays ne manque pas de priorités pour se livrer à de telles décisions qui sont essentiellement formelles. D’autant plus que la réorientation diplomatique de la Guinée devrait obéir à un certain réalisme économique. Or, dans ce cas précis, les dividendes ne sont pas si évidents. Certains observateurs pensent que ces pays auraient mieux fait de faire valoir leurs positions sur la crise libyenne que de se préoccuper de la souveraineté d’un pays dont à peine seulement 80 pays reconnaissent l’existence. Surtout qu’avant eux, 10 pays africains seulement avaient reconnu le Kosovo. En clair, vis-à-vis de cette décision, les autorités guinéennes semblent avoir péché aussi bien dans le fond que dans la forme.
Fodé Mara pour CONAKRYONLINE