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Message de Bakoutoubou TOURE |
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27.08.2004 22:33:29 |
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Sujet: Visiter le site du rpg |
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Pays: Guinée |
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Message:
Dur, dur d'être Guinéen
Postée le27.08.2004 08:33:55
S'inspirant d'un sondage similaire réalisé par des confrères panafricains il y a quelques années, et profitant de notre dernier séjour européen, nous avons demandé à quelques interlocuteurs, Français, Belges, Suisses et à des Africains du Nord, rencontrés au hasard des restaurants, des cafés, des publiphones, des tramway et autres lieux publics, s'ils connaissaient la Guinée et ce qu'ils en pensaient.
Les réponses, dans un seul sens, nous ont stupéfié. Et pour cause ! La grande majorité des « sondés » ignorent jusqu'à l'existence de « notre » Guinée. Pour eux, il n'y a que deux « Guinée », voire trois à la rigueur la Guinée Bissau, (que nous avons aidée à conquérir son indépendance la Guinée équatoriale et la Guinée Papouasie. Pour situer la nôtre dans l'histoire (géographiquement c'est impossible), il faut ajouter "Sékou Touré». « Guinée Sékou Touré », voilà ce qu’ils (re) connaissent... vingt ans après la disparition du tyran. Du pays lui-même, ils savent presque rien à part le "Non "historique du 28septembre 1958. C'est comme si la Guinée, née ce jour, avait été tuée et enterrée le lendemain.
Le temps, pour nous, aux yeux des autres, s'est arrêté avec ce vote. En tout cas, pour la plupart de nos interlocuteurs, la Guinée n'existe plus. Ni dans les mémoires, encore moins sur la scène internationale. Dans les livres des historiens, peut-être oui ! Par contre, on connaît bien le Sénégal, que l'on peut même situer sur la carte, tout comme la Côte d'Ivoire, le Mali, le Burkina sans parler du Togo et même de la Sierra Leone. Mais le plus « déconcertant » reste à venir: quand nous avons demandé, à l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (sans doute la plus grande école de journalisme de France), délocalisée (pour cause de saturation) dans la région du Languedoc Roussillon, à des confrères Français, Réunionnais, Guadeloupéens et même Maghrébins de nous dire le nom du président guinéen, tous ont répondu : « Sékou Touré ».
Et Lansana Conté, savez-vous qui sait? Nos confrères n'ont pas hésité à répondre « un footballeur gabonais», avança l’un, sur de lui, « un chanteur sénégalais rectifia une consœur, « non, c'est un cinéaste burkinabé » corrigea un troisième. Personne, dans le groupe ne savait que depuis vingt longues années, le général Lansana Conté préside aux destinées « laborieuses » et « douloureuses » du premier pays indépendant d'Afrique noire et classé depuis des années parmi les plus pauvres de la Terre.
Les causes de cette méconnaissance? Il ne faut pas les chercher trop loin. C'est simplement le résultat de la catastrophique politique léthargique de la diplomatie guinéenne, mais aussi de l'ensemble des secteurs d'activité du pays qui pouvaient le faire connaître à travers le monde. Car, il n'est un secret pour personne que la Guinée n'excelle que dans la médiocrité et ce, dans tous les domaines. C'est en effet le seul produit que nous exportons quotidiennement et à grande échelle. Nous sommes certes, par exemple, dans les chiffres, le deuxième pays producteur de bauxite au monde, mais qui peut, en Guinée ou à l'extérieur, montrer l'impact de cet « honorable » rang dans la vie des populations ? Ni dans le domaine de l'art, ni dans celui du sport, du tourisme, la Guinée n'attire et n'exporte.
Au contraire, on stagne dans nos contradictions et dans notre misère, devenue compagne inséparable, avec chaque jour son lot de crises, de pénuries, de hausse et d'insupportables brimades. Avec des gouvernants qui se soucient très peu ou pas du tout du calvaire des populations qui ne savent plus à quel destin s'accrocher. Dans une passivité incomparable. Que le ciel nous tombe dessus, on s'adapte sans rechigner, Si on n'applaudit pas la pire des injustices. Ce qui a fait dire notre confrère burkinabé, rencontré lui aussi à Montpellier « je comprends que Sékou Touré avec tout ce qu'il a été, son intelligence, ait pu fatiguer les Guinéens. Mais qu'un gouvernement comme celui que vous avez, vous crée tant d'ennuis et que çà dure depuis deux décennies... C'est tout simplement renversant pour nous autres qui vous observons de loin ». Ce journaliste, ancien collaborateur de Norbert Zongo, ignore sans doute que c'est justement ce qui fait de la Guinée, un pays à part entière. Où tout tourne à l'envers.
Dur, très dur d'être Guinéen en cette période.
Aladji Cellou
L´Indépendant N° 220 du 23.08.04
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