ARIS/ABIDJAN, 24.01.2003
Côte d'Ivoire: Gbagbo reste avec un gouvernement élargi aux rebelles
Cet accord nous "satisfait totalement" a déclaré le secrétaire général de la rébellion du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), Guillaume Soro, qui menait les négociations pour les trois groupes rebelles. "Nous sommes totalement satisfaits. Nous avons signé en pleine connaissance de cause", a indiqué M. Soro, chef de la délégation à Marcoussis du MPCI, principal mouvement rebelle qui a déclenché l'insurrection et tient la moitié du pays, ajoutant "On souhaite que la paix revienne définitivement".
Du côté de l'ancien Premier ministre et opposant Alassane Ouattara, même satisfaction. "C'est une excellente chose pour la Côte d'Ivoire", a déclaré son conseiller, Ali Coulibaly. "Toutes les parties ont signé l'accord. Il prévoit le maintien au pouvoir du président Gbagbo et la formation d'un gouvernement de réconciliation nationale ouvert à tous, dont les rebelles", a indiqué une source proche des négociateurs.
Le mandat du président Gbagbo court jusqu'en 2005, et un accord sur la question d'élections anticipées réclamées par les rebelles et l'opposition, mais refusées, conditionnait toutes les autres avancées déjà acquises à Marcoussis (sud de Paris). Les rebelles qui occupent la moitié de la Côte d'Ivoire depuis le soulèvement du 19 septembre 2002 avaient, jusqu'à la table ronde, exigé le départ du président, avec des élections anticipées.
Le gouvernement élargi aux rebelles doit être dirigé par un Premier ministre de consensus qui dirigera les affaires du pays et préparera les conditions pour une vraie crédibilité des futurs processus électoraux, a précisé la même source. Les délégués s'étaient accordés dès jeudi "sur la nécessité de former un gouvernement d'union rassemblant toutes les parties dont les rebelles".
L'accord porte aussi sur le "respect de l'intégrité territoriale". Les délégués se sont également accordés "sur un regroupement de toutes les forces" dans le but de constituer une nouvelle armée, avec l'appui de la France. Ils ont également prévu une amnistie pour les militaires qui se sont soulevés, selon la même source. Après la signature de l'accord, les délégués se sont levés et, en se tenant la main, ont entonné l'hymne national ivoirien. Il sont ensuite sablé le champagne.
Cet accord doit être présenté vendredi matin par le coordinateur Pierre Mazeaud au président français Jacques Chirac qui, dans l'après-midi, reçoit Laurent Gbagbo. "Un mécanisme précis et crédible de contrôle de suivi de l'accord, avec l'implication des Nations unies qui prévoit notamment des sanctions, sera mis en place. Il est aussi prévu que les bailleurs de fonds conditionnent la reprise de leur aide avec le respect de l'accord de Marcoussis", a indiqué une source proche du dossier.
Les protagonistes du conflit qui a coupé en deux l'ancienne colonie française, fait des centaines de morts et menace de déstabiliser la région entière, étaient réunis à Marcoussis, près de Paris, depuis le 15 janvier. Un sommet des chefs d'Etat africains, en présence du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, doit se tenir samedi et dimanche dans la capitale française pour entériner l'accord de Marcoussis sur le crise ivoirienne.
un article de AFP.
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