OTAN, 10.02.2003
LA CRISE à L'OTAN
La France, la Belgique et l'Allemagne ont rompu ce lundi matin la procédure de silence lancée par le secrétaire général de l'Alliance atlantique, George Robertson, pour faire adopter des mesures défensives en faveur de la Turquie en cas de conflit en Irak.
La France a envoyé sa lettre de protestation ce matin vers 9 heures au secrétaire général de l’OTAN. De quoi entraîner la réaction immédiate de la Belgique qui a fait de même avant 10h00.
L'Allemagne a réagit peu après, en s'associant à l'opposition franco-belge exprimée à l'OTAN.
Le ministère français des Affaires étrangères avait exprimé une nouvelle fois lundi matin sa volonté de s'opposer à une implication à l'heure actuelle de l'Alliance atlantique dans la crise irakienne en laissant entendre que Paris romprait, avec l'Allemagne et la Belgique, la "procédure de silence" en cours à l'OTAN.
"Notre position n'a pas changé, rien ne justifierait que l'OTAN se prépare à une éventuelle guerre en Irak", a déclaré lundi le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Bernard Valéro.
Dimanche, le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, avait annoncé que Bruxelles, "avec la France" et sans doute aussi l'Allemagne, exercerait son droit de veto. Une attitude jugée d'avance "inexcusable" par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld laissant présager une crise majeure pour l'Alliance.
En vertu de la règle du consensus qui prévaut à l'OTAN, le veto d'un seul pays suffit à bloquer une décision de l'Alliance.
Paris, Bruxelles et Berlin estiment qu'entériner ces mesures placerait l'OTAN dans une logique de guerre avec l'Irak, alors qu'ils plaident pour une poursuite et un renforcement des inspections en désarmement de l'ONU.
Le secrétaire général de l'OTAN George Robertson a reconnu lors d'une conférence de presse à la mi-journée que la situation était "difficile" et "sérieuse". La réunion rependra à 17H30 cet après-midi.
La Turquie invoque l'article 4
Quant à la Turquie, pays de l'OTAN qui partage une frontière avec l'Irak, elle a invoqué ce matin l'article 4 du Traité fondateur de l'Alliance. Un article qui organise la consultation des membres quand l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'un d'eux est menacé. De quoi mettre un peu plus la pression sur l'OTAN au cas où ces membres n'arriveraient pas à se mettre d'accord.
Plan franco-allemand
Le plan franco-allemand visant à renforcer le travail des inspecteurs afin d'éviter une guerre sera présenté ce vendredi à l'ONU après l'exposé des inspecteurs en désarmement. Le plan prévoit un encadrement de ces inspecteurs par un millier de casques bleus.
L'existence du plan franco-allemand a été confirmée hier par l'Allemagne. Il a reçu l'appui du président russe en visite hier Berlin. Vladimir Poutine qui redira sans doute aujourd'hui son soutien à l'initiative franco-allemande au président français Jacques Chirac puisqu'il entame une visite officielle de trois jours en France. La Chine approuve aussi cette option diplomatique.
Rencontre au sommet entre les 15
Les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze se réuniront en sommet lundi 17 février à Bruxelles pour faire le point sur l'Irak. Cette rencontre sera précédée d'une réunion des chefs de la diplomatie des 15 le matin même. C'est la présidence grecque qui l'a annoncé ce lundi.
|