IBERIA, 01.04.2003
Le président Taylor accuse la Guinée de soutenir les rebelles
Des milliers de personnes fuient les combats au Liberia qui se sont déplacés dimanche vers le nord, près de la frontière avec la Guinée. La Guinée que le président Charles Taylor accuse de soutenir la rébellion. D'autres affrontements se poursuivent à l'Est, près de la frontière avec la Cote-d'Ivoire. En prévision de discussions de paix qui devraient se tenir au Mali, à une date non fixée, les rebelles du mouvement des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd), en lutte contre le président Charles Taylor depuis deux ans, multiplient les fronts pour s'assurer de nouvelles positions et le bénéfice d'une partie des richesses libériennes, diamant, or et bois. Tout en tentant d'encercler la capitale, ils se seraient rendus maîtres de plusieurs localités ; mais auraient dû abandonner la deuxième ville du pays, Gbarnga, aux troupes loyalistes, selon le ministre de la Défense, Daniel Chea. Gbarnga était l'ancien quartier général de Charles Taylor qui, avant d'être élu président en 1997, fut l'un des principaux acteurs d'une guerre civile qui a fait 200 000 morts.
Débordés. L'offensive de ces derniers jours aggrave une situation humanitaire déjà critique. La semaine dernière, les hommes du Lurd étaient parvenus à moins de dix kilomètres de Monrovia et ont attaqué un camp de déplacés, créant la panique avant d'être repoussés. De son côté l'armée libérienne, en donnant vingt-quatre heures à la population de Gbarnga pour quitter la ville avant les combats, a entraîné un nouvel afflux de déplacés vers Monrovia et d'autres villes qui ont déjà du mal à les accueillir. Selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), les humanitaires «sont dépassés par l'afflux de nouveaux arrivants» et les stocks alimentaires sont presque vides.
Dans ce climat d'instabilité, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) a de plus en plus de mal à gérer les quelque 100 000 personnes Ivoiriens, Libériens et autres qui ont fui le conflit ivoirien depuis novembre. Les organisations humanitaires opérant au Liberia sont d'autant plus inquiètes qu'elles sont prises pour cible. Hier, trois des quatre employés du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, enlevés la semaine dernière dans l'est par des hommes armés, ont été libérés mais l'un d'entre eux est toujours porté disparu. Fin février, c'était trois membres de l'ONG Adra (Adventist Relief and Development Agency) deux Libériens et un Norvégien qui ont été tués alors qu'ils allaient visiter un projet dans la ville de Toe, également près de la frontière ivoirienne.
Souveraineté. La semaine dernière, le président Taylor a confirmé que son régime, pourtant soumis à un embargo des Nations unies pour son soutien présumé aux ex-rebelles sierra-léonais, était parvenu à importer des armes, et qu'il avait bien l'intention de s'en servir pour défendre la souveraineté nationale.
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