RAK, 03.04.2003
Les troupes américaines à environ 30 km au sud de Bagdad
Les forces américaines ont repoussé jeudi à l'aube des contre-attaques irakiennes sur un pont stratégique enjambant l'Euphrate, à environ 30 km au sud de Bagdad, avant de poursuivre leur progression vers la capitale qui a de nouveau été la cible d'intenses bombardements pendant la nuit, selon un correspondant de l'AFP accompagnant les troupes.
Les combats ont fait quelque 500 morts parmi les troupes d'élite irakiennes de la Garde républicaine , a précisé à l'AFP le commandant John Altman, responsable des services de renseignement dans la 1ère brigade de la 3ème Division d'infanterie de l'armée américaine.
"Dans l'attaque pour la reprise du pont et les contre-attaques (qui ont suivi), probablement 500 (soldats irakiens) sont morts", a-t-il dit au journaliste acompagnant les troupes.
Deux soldats américains ont été également été tués pendant ces combats par de probables tirs de roquettes RPG, sur la rive occidentale de l'Euphrate dans le centre du pays, a par ailleurs indiqué à l'AFP le général américain Buford Blount.
Certaines troupes irakiennes font partie de la Garde républicaine spéciale, chargée de garder les nombreux palais de la capitale irakienne, et de la Garde républicaine, déployées aux alentours de Bagdad, a précisé un officier en montrant les uniformes de certaines victimes.
Les forces irakiennes ont lancé trois contre-attaques pour la récupération du pont sur l'Euphrate, après sa prise mercredi après-midi, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Les troupes américaines ont riposté par des tirs nourris des véhicules blindés et des canons, appuyés par des avions "tueurs de chars" qui survolaient la zone.
Les forces irakiennes engagées dans la défense de Bagdad effectuent des "manoeuvres désespérées" face à l'avancée américaine, a estimé pour sa part, le commandant Maurie McNarn, un officier australien du commandement central (Centcom) des forces de la coalition basée à Doha au Qatar.
Deux divisions de la Garde républicaine irakienne déployées dans le sud de la capitale ont été mises quasiment hors combat après avoir subi "un pilonnage intense" américains, a-t-il expliqué.
"Nous savons que leur commandement a été sérieusement atteint. La désorganisation (de leurs forces) augmente et il y a des signes de manoeuvres désespérées", a-t-il dit.
L'officier australien a cependant souligné que "des combats difficiles restaient devant nous", estimant que certaines unités irakiennes pourraient combattre jusqu'au bout.
Mercredi après-midi, l'armée américain avait réussi à faire sauter le verrou de Kerbala (80 km au sud de Bagdad) et à franchir le Tigre à la hauteur de la ville d'Al-Kout (150 km au sud-est de Bagdad). Sa progression vers Bagdad continuait jeudi depuis cette ville, appuyés par l'aviation américaine, selon un journaliste de l'AFP qui l'accompagne.
Sur le front nord, des combats opposaient jeudi des forces irakiennes à des combattants kurdes, appuyés par l'aviation américaine pour le contrôle du quartier général irakien de Khazer, situé de 10 km de Kalak, sur la route de Mossoul, principale ville du nord de l'Irak, a constaté la journaliste de l'AFP.
Les échanges de tirs ont commencé à la mi-journée, d'abord à l'arme automatique puis au mortier, a ajouté cette journaliste.
Les peshmerga (combattants kurdes) ont affirmé aux journalistes que les Irakiens ont commencé à tirer en premier. Une demi-heure plus tard, les combattants kurdes ont reçu l'appui de l'aviation américaine et britannique.
Le Centcom a reconnu la perte d'un chasseur-bombardier F/A 18 Hornet de l'US Navy et d'un hélicoptère Black Hawk de l'US Army lors des combats. Il n'a pas précisé le sort du pilote dont l'avion aurait été touché par un missile selon la chaîne américaine Fox News, ni celui des six occupants de l'hélicoptère.
Avant ces incidents, les Américains déploraient 49 morts depuis le début de la guerre, le 20 mars, 150 blessés, sept prisonniers et 15 disparus.
Pendant la nuit, la périphérie sud de Bagdad a de nouveau été la cible de bombardements intensifs, selon un journaliste de l'AFP présent dans la capitale.
Mercredi, l'un des palais présidentiels avait été visé par l'aviation de la coalition, ainsi que des cantonnements de l'armée. Une maternité, vide de patients, a également été touchée.
Ces bombardements ont fait dix morts et près de 90 blessés, selon le ministre irakien de l'Information Mohammad Saïd al-Sahhaf. Depuis le déclenchement de la guerre le ministère irakien a comptabilisé environ 800 morts et près de 6.000 blessés.
Pour la première fois depuis le déclenchement des hostilités, le Centcom a admis mercredi avoir largué des bombes à fragmentation, qui ont visé une colonne de chars irakiens, dans le centre du pays.
Amnesty international s'est déclaré "très inquiète" de l'utilisation de ces bombes "dans des zones très peuplées"
Le Centcom a réitéré ses craintes d'attaques chimiques ou bactériologiques irakiennes au cas où les forces de la coalition franchiraient une "ligne rouge" autour de Bagdad.
Le recours à des armes chimiques par Saddam Hussein ralentirait un peu la progression des troupes américaines sur Bagdad mais ne les arrêterait pas, a cependant affirmé à Washington le chef d'état-major américain, Richard Myers.
Mercredi soir, le président irakien Saddam Hussein est apparu à la télévision officielle pour saluer "la résistance héroïque" des combattants irakiens face aux forces de la coalition.
Auparavant, dans un autre message lu en son nom, il avait exhorté les chefs kurdes du nord du pays à ne pas s'allier aux "envahisseurs" et à ne pas s'opposer aux troupes irakiennes.
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a débuté jeudi à Bruxelles ses entretiens en recevant le secrétaire général de l'Otan George Robertson. Il doit ensuite enchainer une série de rencontres bilatérales avec la plupart des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne et de l'OTAN, ainsi qu'avec son homologue russe, Igor Ivanov.
Ces discussions doivent porter sur la reconstruction de l'Irak, la transition politique dans ce pays, et le rôle que pourrait y jouer l'ONU.
Devant les députés allemands, le chancelier Gerhard Schroeder a plaidé en faveur d'un "rôle central" de l'ONU et de la "restauration" de la souveraineté de l'Irak après la guerre.
Mercredi à Ankara, Colin Powell avait obtenu de la Turquie l'autorisation de ravitaillement des forces de la coalition depuis son territoire.
Par ailleurs, les plongeurs australiens ont déclaré avoir besoin d'une semaine supplémentaire pour déminer le port d'Oum Qasr, dans le sud de l'Irak, qui constitue le principal accès de l'aide humanitaire. L'Australie a envoyé 2.000 soldats au sein des forces de la coalition.
La télévision qatariote Al-Jazira décidé de suspendre toutes ses activités en Irak, à la suite d'une décision des autorités irakiennes d'interdire à deux de ses journalistes de travailler dans le pays.
AFP
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