OTE D'IVOIRE, 07.05.2003
Côte d’Ivoire : un cessez-le-feu élargi au liberia
Forces gouvernementales et rebelles ivoiriens ont signé samedi 3 mai un cessez-le-feu total sur tous les fronts, promettant d'en finir ainsi avec sept mois d'insurrection dans le pays. Le chef d'état-major des Fanci, le général Mathias Doué, a paraphé l'accord au nom des forces gouvernementales et le colonel Michel Gueu, chef des opérations militaires du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI, principal mouvement rebelle) et ministre des sports au sein du gouvernement de réconciliation, a signé pour les "forces nouvelles".
"C'est une journée historique parce que je pense qu'elle signifiera la fin de la guerre dans l'ensemble de la Côte d'Ivoire", a dit le colonel Gueu après avoir échangé des sourires et des accolades avec ses anciens ennemis.
"Il pourrait y avoir des incidents ici et là, mais nous pouvons dire qu'avec l'accord d'aujourd'hui, nous approchons de la fin de la guerre", a déclaré le ministre de la défense par intérim, Assoua Adou.
Selon le texte de l'accord, qui prend effet à partir du dimanche 4 mai à 0 heure GMT, les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci) et les forces nouvelles "acceptent de cesser immédiatement et définitivement les hostilités sur toute l'étendue du territoire national et en particulier dans tout le grand ouest ivoirien", . Les belligérants acceptent en outre "le rédéploiement des forces impartiales" de la force de paix de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Opération militaire française Licorne "à l'intérieur d'une zone de confiance déterminée d'un commun accord par les signataires". Ils s'engagent aussi "à tout mettre en oeuvre pour favoriser la libre circulation des personnes, des biens, des opérateurs économiques et des agences humanitaires ainsi que le redéploiement de l'administration dans les meilleures conditions possibles de sécurité sur toute l'étendue du territoire national".
Le principe de cet accord avait été décidé jeudi au cours d'une réunion entre les états-majors de Côte d'Ivoire, du Liberia et des responsables militaires des "forces nouvelles" (regroupement des trois mouvements rebelles). Il constitue l'un des préalables nécessaires à l'organisation d'une opération quadripartite de l'ouest de la Côte d'Ivoire, frontalier du Liberia, en proie à une insécurité grandissante depuis que les rebelles et les forces loyalistes ont recrutés des combattants libériens, aujourd'hui incontrôlables.
COMBATS À LA FRONTIÈRE LIBÉRIENNE
Les présidents ivoirien, Laurent Gbagbo, et libérien, Charles Taylor, avaient convenu le 26 avril lors d'une rencontre au Togo, de la nécessité d'un déploiement conjoint de forces ivoiriennes, libériennes, françaises et ouest-africaines pour sécuriser la frontière entre les deux pays. Outre le cessez-le-feu signé entre Fanci et rebelles, la réunion des états-majors à Abidjan a également décidé du principe d'une cessation des hostilités dans l'ouest de la Côte d'Ivoire entre Abidjan et Monrovia, qui s'accusent depuis des mois de soutenir des rebelles de part et d'autre de la frontière pour se déstabiliser mutuellement.
Mais la fin des hostilités dans cette région semble difficile à instaurer. Des combats ont encore opposé samedi matin les forces gouvernementales ivoiriennes à des rebelles dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, près de la frontière du Liberia. Les rebelles ont affirmé que des éléments libériens alliés au président Laurent Gbagbo avaient attaqué leurs positions dans les environs de Danané (600 km au nord-ouest d'Abidjan), quelques heures seulement avant la signature . "Nos positions ont été attaquées dans la région de Danané. Ils cherchent à occuper le terrain avant le cessez-le-feu", a déclaré un porte-parole de la rébellion. L'armée, en revanche, a accusé les rebelles d'avoir attaqué les premiers.
L'armée française a fait savoir qu'elle se tenait prête à se déployer rapidement dans l'Ouest ivoirien, dès lors qu'il apparaîtra que cette trêve tient bon. Six cents à neuf cents soldats français pourraient alors prendre position dans des territoires tenus jusque-là par les rebelles, en vertu d'un accord conclu avec les autorités ivoiriennes de même qu'avec le gouvernement du Liberia voisin. "Nous sommes prêts à intervenir très vite lorsqu'on nous en donnera le feu vert", a déclaré le général Emmanuel Beth, commandant de l'"opération Licorne", qui engage près de 4 000 hommes et contribue à rétablir la paix dans le pays.
Conakryonline
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