I, 10.05.2003
Le MPCI a mis un frein au trafic de cacao vers la Guinée
GOUEBA (Côte d'Ivoire), 9 mai (AFP) - 15h36 - Le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), le plus ancien et plus important mouvement rebelle, a mis un frein au trafic de cacao et de café vers la Guinée voisine depuis qu'il a entrepris de sécuriser l'ouest ivoirien et d'en chasser les combattants libériens.
A Gouéba, poste frontalier tenu par les hommes du MPCI, seuls quelques véhicules bâchés chargés de produits de première nécessité (savon, cigarettes, boissons) font des allers-retours sur la mauvaise piste conduisant au village ivoirien le plus proche.
A l'époque où la région de Danané, proche des frontières guinéenne et libérienne, était sous le contrôle du Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (MPIGO), un des deux groupes rebelles apparus fin novembre dans l'ouest, et de ses alliés libériens, des dizaines de tonnes de café et de cacao étaient exportées frauduleusement vers la Guinée, selon de nombreux témoins.
"Avant il pouvait y avoir plusieurs camions par jour qui traversaient la frontière, chargés de cacao et de café. Nous on ne pouvait rien dire, ce sont les Libériens qui escortaient le cacao et le vendait en Guinée", déclare à l'AFP un rebelle ivoirien sous couvert d'anonymat.
Selon un transporteur basé en Côte d'Ivoire et ralliant chaque jour la Guinée, "les Libériens ont fait sortir beaucoup de cacao. Le prix en Guinée était bon, environ 750-775 francs CFA (plus d'un euro) le kilo, de même pour le café qui s'achetait en Guinée à environ 250 CFA le kilo".
"Même des paysans venaient vendre un sac en Guinée de temps en temps pour avoir un peu d'argent liquide parce que la vie était dure, mais souvent ils se faisaient voler au retour", ajoute-t-il.
Le MPCI a lancé récemment une opération visant à désarmer les Libériens présents dans cette région frontalière avant de les renvoyer dans leur pays. Des accrochages ont opposé les rebelles à leurs anciens alliés, parfois incontrôlables et accusés de multiples exactions contre les populations civiles.
Gouéba est désormais débarrassée des Libériens et "tout est bloqué à Danané parce que l'on ne veut pas appauvrir le pays en vendant à l'étranger nos produits", explique Koffi Kouassi, chef de poste du MPCI à Gouéba, arrivé il y a deux jours.
"On laisse passer les petits commerçants, ici ils ne paient pas de taxes. C'est plus haut à Gbapleu que se trouve le poste de douane. Nous ne faisons que contrôler les voyageurs pour qu'il n'y ait pas d'infiltration", précise-t-il, soulignant "de bonnes relations avec les douaniers guinéens".
Les rebelles de Gouéba sécurisent également la forêt classée de 28.000 hectares, qui a été souvent la cible des exploitants guinéens, avant même le début du conflit, le 19 septembre dernier.
Selon le sergent Chérif Ousmane, chef militaire de la région pour le MPCI, "les camions pourront recommencer à circuler dès que la zone sera totalement sécurisée, il peut rester des infiltrés qui peuvent attaquer les transporteurs. Nous espérons aussi que les corridors économiques soient bientôt mis en place pour que les camions puissent descendre (au port de) San Pedro (sud-ouest)".
La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, avec plus de 40% du marché mondial, quelque 620.000 plantations cultivées et environ 6 millions de personnes vivant directement ou indirectement du cacao.
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