ABON, 11.05.2003
Quand le dernier mot de Siradiou Diallo?
A quand le dernier mot de Siradiou Diallo?
Si tout se passe comme prévu les guinéens se rendront aux urnes dans le courant du mois de décembre prochain pour élire le troisième président de la deuxième république. Pour la guinée, L’enjeu est grand, voire à dimension historique.
Ces élections interviennent au bout d’une année marquée par une incertitude insaisissable. Le président Lansana Conté est malade, gravement malade, il ne tient plus la barre que nomminalement, son équipe gouverne encore moins qu’auparavant et son parti le PUP, déchiré, affaibli et mollit par des luttes de clan internes, est incapable de présenter un dauphin à Conté. Pourtant et sans le moindre souci de la misère et la pauvreté indescriptible dans laquelle végète le peuple, les dignitaires du régime continuent d’ afficher au grand dam du peuple malheureux un train de vie luxueux voire insolent. En face de cela des leaders politiques apparemment insouciants qui, depuis plus de dix ans, agissent, ou font semblant d’agir en ordre dispersé.
Pour le mémoire, on se souvient que, lors des législatives de juin 2002, l’opposition guinéenne avait fini par scinder définitivement en deux camps. L’opposition parlementaire qui regroupe les partis ayant participé aux scrutins, à sa tête M. Siradiou Diallo leaders du PRP et l’opposition « radicale» représentant les partis qui ont boycotté le scrutin et regroupée au sein du Front Républicain pour l’alternance démocratique (FRAD). Pour justifier son attitude, le FRAD a exigé, entre autres, l’annulation pure et simple des dispositions de la loi fondamentale issues du referendum de novembre 2001, estimé que les conditions minimales pour un scrutin transparent n'avaient pas été réunies et a accusé l’opposition parlementaire d’agir d’intelligence avec le gouvernement. Pendant ce temps l’opposition parlementaire accusait à son tour M. Alpha Condé, leader du RPG, d’égoïsme politique. Alpha Condé , à casier judiciaire inquiétant, a interdit non seulement à son parti de présenter des candidats mais aurait, selon l’opposition parlementaire, incité d’autres partis à boycotter le scrutin.
La position du FRAD a curieusement évolué pendant que les conditions qui lui ont servi de refuge n’ont pas changé d’un pouce. Il ira aux urnes cette fois, contrairement aux dernières législatives de juin 2002. Car il veut un changement, du moins c’est ce que disent les différents états major. Pour arriver au bout de sa logique Mr. Alpha Condé, leader de la plus grande formation du FRAD a été, contre toute attente et sans avertir ses alliés du Frad, investi le 13 avril par la convention nationale de son parti pour être candidat à la présidentielle de décembre 2003. Un geste qui, vraisemblablement menace l’enlisement de la coalition des radicaux. Le candidat à la candidature au sein du Frad est un sujet qui fâche. Il n’y a pas longtemps, un des membres fondateurs du Frad, Prof. Alfa Sow, a été exclu du Frad pour avoir proposer la candidature unique de Elhadj Biro Diallo, ancien président du parlement.
De l’autre cote de la barre, M. Jean Mari Doré a été au mois de mars désigné par la convention nationale de l’UPG pour être candidat aux élections de 2003. Quant à Mr. Siradiou Diallo, le chef de file de l’opposition parlementaire, il semblerait qu’il souhaite connaître d’abord les véritables données des échéances prochaines avant de se prononcer. Interrogé le samedi dernier à Libreville par des confrères de l’AFP, Le président de l'UPR n'a pas souhaité s'exprimer sur son éventuelle candidature à l'élection présidentielle prévue en fin d'année en Guinée, mais dont la date n'est pas encore fixée."Ce serait risqué de se prononcer maintenant, où nous ne savons pas encore qui est qui dans cette incertitude", a-t-il estimé.
Mr. Diallo se dit plutôt préoccupé par la situation de crise socio-économique qui traverse la guinée actuellement, l’incertitude engendrée par l’état de santé du président de la république surtout l’éventualité d’une intervention de l’armée dans les affaires de l’Etat. "J'avoue qu'en ce moment, nous sommes très préoccupés par la situation de crise socio-économique qui a engendré récemment des manifestations dans le Pays ... Nous sommes aussi préoccupés par la maladie du chef de l'Etat (le général Lansana Conté) qui s'ajoute à cette situation", a déclaré M. Diallo, venu officiellement au Gabon rencontrer la communauté guinéenne de Libreville. Avant d’ajouter
"Il y a aujourd'hui trop d'incertitude et de flou qui font craindre le pire. Certains partis politiques font appel à l'armée, mais ce n'est pas notre avis en tant que parti démocratique. Il ne nous appartient pas à nous, démocrates, d'appeler l'armée à prendre le pouvoir ...
Si l'armée intervient, nous subirons la loi du plus fort, et l'UPR n'a jamais voulu mettre le doigt dans l'engrenage de la violence".
Certains observateurs avertis prêtent à Siradiou Diallo l’intention de rallier son électorat derrière Elhadji Biro Diallo qui selon nombreux observateurs a de forte chance de battre le candidat du PUP. Agé de plus de 70 ans, Elhadji Biro Diallo avec sa grande expérience de la gestion de l’Etat guinéen, son intégrité nationale, jouit, au delà des frontières ethniques, de la confiance et du respect des guinéens. Comme son âge le condamne à ne jamais se présenter à sa propre succession, Il est considéré par le milieu intellectuel comme étant le mieux apte à assurer à la Guinée une transition démocratique paisible.
Au bout de compte, la chance de la Guinée de changer de destin et d’éviter de retomber dans le chao réside dans l’entente des leaders politique à présenter un candidat de consensus national pour être le moment venu le successeur de l’actuel président avec des tâches définies et à duré déterminée.
Mr. Diallo fort de son résultat aux dernières législatives de 2001, n’a pas certainement dit encore son dernier mot. Quand brisera t -il son silence?
Une analyse de Aminata Bah
depuis Conakry
Pour Conakryonline
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