NU, 22.05.2003
La résolution américaine sur l'Irak de l'après-guerre votée à l'Onu
"Je crois que nous pouvons dire que l'Onu est de retour et dans le fond c'est le véritable enjeu aujourd'hui : faire en sorte que l'Onu puisse reprendre sa place car nous avons la conviction que l'ONU est la seule capable d'apporter sa légitimité, son expérience son efficacité sur le terrain", a déclaré M. de Villepin.
"Nous avons décidé de voter pour cette résolution et de travailler à la recherche d'un consensus au sein du Conseil de sécurité", a déclaré à Paris le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, lors d'une conférence de presse avec ses homologues allemand Joschka Fischer et russe Igor Ivanov.
"Même si ce texte n'est pas parfait, il prend en compte nos préoccupations. Chacun a fait preuve d'un esprit constructif", a-t-il ajouté, soulignant toutefois que le projet américain n'allait pas "aussi loin que nous le souhaitions".
"Nous pensons que nous avons apporté des changements significatifs", a déclaré le porte-parole de l'ambassadeur américain aux Nations unies John Negroponte, Rick Grenell. "Le texte est définitif et nous voterons demain matin", a-t-il dit.
Le ministre des Affaires étrangères britannique, Jack Straw, a salué le soutien au projet de résolution. "Nous nous réjouissons d'avance d'un vote très concluant en faveur de la résolution et l'absence de vetos", déclare-t-il dans un communiqué.
L'adoption du projet permettra la levée immédiate des sanctions économiques imposées à l'Irak depuis 1990 et placera ses revenus pétroliers dans un fonds de développement administré par la banque centrale irakienne, sous supervision des puissances occupantes, pour les tâches de reconstruction du pays et ses besoins humanitaires.
Un diplomate ayant requis l'anonymat a prédit que le texte obtiendrait l'appui d'au moins 14 des 15 membres du Conseil de sécurité, la position de la Syrie restant incertaine.
Le projet, dans sa quatrième version depuis son dépôt le 9 mai, stipule que le Conseil de sécurité "réexaminera l'application de cette résolution dans les 12 mois suivant son adoption et considèrera les mesures qui pourraient être nécessaires".
Le projet prévoit que le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, nomme un représentant spécial pour l'Irak, qui sera chargé de travailler avec les puissances occupantes "pour faciliter la mise en place d'un gouvernement représentatif et internationalement reconnu".
Les Etats-Unis ont confirmé discuter avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) des modalités de l'envoi d'une mission conjointe d'inspecteurs sur le site d'Al-Tuwaitha, au sud de Bagdad, où des matériaux nucléaires auraient disparu à la suite de pillages.
"Nous travaillons aux préparatifs" pour qu'une telle mission ait lieu "rapidement", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher.
Il a souligné que cette mission était indépendante de la question d'un retour éventuel des inspecteurs en désarmement de l'Onu en Irak - l'AIEA en fait partie -, dont Washington ne veut pas pour l'instant.
Le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, a demandé à trois reprises à Washington d'autoriser le retour des inspecteurs en Irak, en se déclarant "très inquiet à la suite de rapports quasi-quotidiens sur le pillage des sites nucléaires irakiens et sur les conséquences sur la sécurité de sources radioactives qui ne sont peut-être plus contrôlées".
A Bagdad, le plus haut responsable civil britannique, John Sawers, a précisé que les forces de la coalition américano-britannique remettraient le pouvoir uniquement à un gouvernement irakien issu d'élections générales.
"A mon avis, il faudra plus d'un an et moins de deux ans" pour organiser les élections, a-t-il dit, ajoutant espérer que l'administration intérimaire, qui rédigera la nouvelle Constitution irakienne, puisse être formée après la réunion du congrès national, prévue "fin juin ou début juillet", selon lui.
L'administrateur en chef américain en Irak, Paul Bremer, a annoncé que le congrès national ne se tiendra pas avant juillet.
Mercredi, près de 300 officiers et soldats irakiens ont manifesté dans la capitale pour réclamer le paiement de leur solde tout en menaçant de prendre les armes si aucun versement n'était effectué. Avant la guerre, l'armée régulière comptait quelque 380.000 hommes.
Le Commandement central (Centcom) américain a annoncé la capture d'Okla Sakr al-Koubaïssi, ancien chef du parti Baas pour la province de Missane (sud), figurant sur la liste américaine des 55 dignitaires irakiens les plus recherchés.
Les Etats-Unis ont exprimé une satisfaction mesurée après l'annonce que la Belgique avait décidé de renvoyer aux autorités américaines la plainte pour crimes de guerre déposée à Bruxelles contre le général américain Tommy Franks, commandant des forces américano-britanniques pendant la guerre en Irak.
"C'est un pas dans la bonne direction", a déclaré le porte-parole du Département d'Etat américain, avant d'ajouter toutefois: "Nous ne sommes pas satisfaits par la situation générale, et voudrions voir la loi changée".
Un soldat américain a été tué dans un accident de la route mercredi près de Baqoubah, chef-lieu de la province irakienne de Diyala, est de l'Irak, selon le commandement central (Centcom) américain.
Au moment où des alertes se font plus pressantes sur des attentats en Arabie saoudite et aux Etats-Unis, Ayman al-Zawahiri, le numéro deux du réseau Al-Qaïda, a demandé aux musulmans de mener des attentats suicide anti-occidentaux, dans un enregistrement qui lui est attribué diffusé mercredi par la chaîne qatariote Al-Jazira.
Washington a protesté auprès du gouvernement du Qatar et de la direction d'Al-Jazira.
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