DC, 06.06.2003
Les premiers soldats de la force internationale arrivent en RDCongo
BUNIA (RDCongo) (AFP), le 06-06-2003
Des "éléments précurseurs" -- des dizaines de soldats français et quatre Britanniques -- de la force internationale d'urgence sont arrivés vendredi à Bunia, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
Thomas Lubanga, le chef de l'Union des patriotes congolais (UPC), la petite rébellion contrôlant Bunia, a aussitôt annoncé à l'AFP son intention de les rencontrer pour leur "souhaiter la bienvenue et bon travail chez nous", réitérant son intention de "coopérer".
Plusieurs dizaines de soldats français, en tenue de camouflage, ont pris position à l'aube pour sécuriser l'aéroport de Bunia (chef-lieu de l'Ituri) en prévision du déploiement prochain des troupes internationales.
Cette force doit tenter de stabiliser le district très troublé de l'Ituri, où des affrontements interethniques ont fait depuis 1999 quelque 50.000 morts et 500.000 déplacés.
"Ceux qui sont arrivés sont les éléments précurseurs qui préparent le gros de la mission", a indiqué le colonel Daniel Vollot, commandant du secteur de Bunia de la Mission de l'Onu en RDC (Monuc).
L'arrivée des premiers soldats français, annoncée depuis Paris par l'état-major des forces armées, était attendue mais n'avait pas été annoncée pour ce vendredi matin.
Selon un officier français à Bunia ayant requis l'anonymat, les premiers soldats sont arrivés à bord d'un Transall et d'un C-130. Un deuxième Transall est arrivé en milieu de matinée. D'autres rotations sont prévues dans la journée, selon lui.
Plusieurs centaines d'habitants se sont massés dans les rues pour accueillir les premiers éléments de cette force qui devra compter à terme plus de 1.400 soldats, dont 900 Français.
Il s'agit de la première opération de maintien de la paix menée collectivement au nom de l'Union européenne hors du continent européen. Cette opération commune, dont la France est la nation-cadre, se fait sous l'égide de l'Onu.
Le commandement de l'opération a été confié à un général français, Bruno Neveux, et le commandement des troupes sur place à un autre général français, Jean-Paul Thonier. Le quartier général de l'opération est situé à Paris. Le mandat de cette force s'achève le 1er septembre.
Le Rwanda, qui est proche de l'UPC, a pour sa part regretté que le mandat de la force internationale d'urgence soit limité à la ville de Bunia et ne comprenne pas l'ensemble du district très troublé de l'Ituri.
"Nous avons demandé de reconsidérer l'étendue du déploiement, et nous allons le répéter à la mission du Conseil de sécurité de l'Onu qui doit venir à Kigali la semaine prochaine", a déclaré à l'AFP le conseiller de la présidence rwandaise pour le dossier congolais, Patrick Mazimhaka.
"Tout le monde sait que les tueries, les massacres et les combats se déroulent dans tout le territoire de l'Ituri, alors que le mandat de la force se limite à Bunia et à son aéroport", a-t-il ajouté.
La rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD, soutenu par le Rwanda) a de son côté demandé à la force multinationale de "rester neutre".
"La force doit rester neutre et ne pas aller soutenir Joseph Kabila (le président de la période de transition), sinon elle échouera", a estimé a déclaré à l'AFP le responsable des relations extérieures de la rébellion, Crispin Kabasele-Tshimanga, interrogé depuis Kigali.
"Elle ne doit pas s'ingérer dans les questions politiques congolaises, et dans le processus de paix global", a-t-il ajouté depuis Goma (est), quartier général de la principale rébellion.
L'UPC affirme avoir en tout 15.000 hommes à Bunia et dans ses alentours. Proche du Rwanda, cette rébellion est majoritairement composée de Hemas, l'ethnie minoritaire en Ituri. Elle a repris le contrôle de Bunia le 12 mai après en avoir été chassée le 6 mars par l'armée ougandaise.
AFP
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