ONAKRY, 09.06.2003
Conakry: Alpha trébuche, ses militants payent les pots cassés
Une centaine de militants du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) ont été arrêtés hier, dans l’après midi à Conakry par la police et menés de force pour une destination inconnue, d’autres ont été simplement bastonnés. Des témoins rapportent que les forces de l’ordre ont fait usage de leurs arme à feu faisant de nombreux blessés parmi les militants du RPG.
Refugé à Paris depuis sa libération au mois de mai 2001, M. Condé, le président du RPG, avait annoncé à ses militants de puis la capitale françaises de son « come back » pour dimanche à Conakry accompagné des personnalité françaises, angolaises et sénégalaises pour participer lundi 9 juin à un colloque de solidarité organisé conjointement par la Fondation Jean-Jaurès, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) sur le thème « alternative et alternance démocratique en Afrique : rôle des partis politiques ».
Dès leur arrivée dimanche soir dans la capitale guinéenne, les invités de marque de Mr. Alpha Condé ont été conduits immediatement et sous bonne escorte par une impressionnante force de sécurité, dans une salle de l’aéroport de Conakry-Gbessia.Après trois heures de détention, ils furent reconduits manu-militari dans un avion de la compagnie Air Sénégal-International par une cinquantaine de policiers guinéens. Mr. Alpha Condé,d’après un officier de l’aéroport de conakry, aurait haussé le ton en défendant ses invités , cela a faillit conduire à un accrochage sérieux entre le leader du RPG et les forces de l’ordre , n’eût été l’intervention sage et diplomatique de Mr Moustapha Niasse. Alpha fût autorisé plus tard dans la soirée de regagner son domicile à Conakry.
Des militants du RPG massés aux abords de l’autoroute reliant l’aéroport à la capitale, ont été dispersés sans sommation par les policiers qui ont fait usage de grenades lacrymogènes. Les RPGistes ont riposté à l’aide de jets de pierres. Le bilan provisoire est très lourd : des dizaines de blessés graves et une centaines d’arrestations dans le rang du RPG, rapporte AFP.
Du Côté du gouvernement, on parle de la provocation pure et simple de la part de Alpha Condé . On rappelle l’interdiction des attroupements et cortèges depuis 1993 en Guinée. On fait savoir que le gouvernement n’a pas été informé du programme et du cadre dans lequel le fameux colloque devrait avoir lieu. Pour nombreux observateurs cela n’est qu’un simple façade. Certains diplomates accrédités à Conakry favorisent deux interprétations.
Du Côte de Mr. Alpha Condé, on tâtait le terrain pour connaître l’intention réelle du président de la république le Général Lansana Conté au sujet son casier judicaire. Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) a récemment désigné son leader Alpha Condé pour être candidat aux élections de 2003, sans toutefois que soit éclairci le statut pénal de celui-ci, qui, ayant été condamné pour atteinte à la sûreté de l'État et n'étant pas jusqu'ici retabli dans ses droits, ne peut briguer la magistrature suprême au vu de la Loi fondamentale guinéenne.
Du côté du gouvernement, Le problème serait d’ordre de la sécurité de l’Etat. Selon des sources proches du ministre secrétaire général à la présidence de la République, Mr. Fodé Bangoura, les récents voyages de Mr. Alpha Condé en Angola apparaissent très louches aux yeux du gouvernement. Conakry entretient des relations méfiantes et calculées avec Le MPLA de l’Angola. On sait que ce côté du monde regorge autant d’armes que de mercenaires incontrôlés. La police guinéenne a notifié à M. Paolo Teixeira Jorge, secrétaire général du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et à son collègue M.Joao Salvador Dos Santos Neto, secrétaire général aux relations internationales « leur expulsion » sans aucune autre de précision.
Tout cela intervient dans une période d’incertitude totale dans la sous région. Les pays frontaliers tels le Liberia et la côte d’Ivoire sont ravagés par des guerres civiles. La Guinée à son tour a échappé d’un pouce à une deuxième mutinerie , dans la nuit du 28 au 29 avril passé, consécutifs à une "revendication" de soldats précisément au camp Alpha Yaya Diallo, qui est le quartier général des para-commandos, du Bataillon spécial de Conakry (BSC) et de l'artillerie. C'est de cette caserne qu'ont été déclenchées la plupart des mutineries de la Guinée sous le second regime, dont celle des 2 et 3 février 1996 qui, selon des sources non officielles, avait fait quelque 300 morts et plus de quatre millions de dollars de dégâts.
De Conakry
Lansana Soumah
Pour Conakryonline
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