EOPLE:, 28.07.2003
Hommage posthume et tardif de la France au soldat Bah, mort en 1943
- "Il n'est jamais trop tard pour bien faire", déclare le commandant français en remettant ses décorations à la famille du soldat guinéen, Mamadou Hady Bah, engagé volontaire dans les troupes des Tirailleurs pendant la Seconde guerre mondiale, mort en détention en 1943 des suites de tortures.
Pour rendre hommage au combattant, soixante ans après sa mort, une cérémonie a été organisée cette semaine dans la région de Pita (300 km au nord-est de Conakry), d'abord dans le village natal de Mamadou Bah, Pellil Foulayabhè, puis à Bomboli, le chef-lieu du district.
Le commandant Arnaud D'Anselme, attaché adjoint de défense à l'ambassade de France en Guinée, le préfet de Pita, El-Hadj Ibrahima Blaky Bangoura, le chef de bataillon Mamadou Saliou Bah, de l'état-major général des armées de Guinée, étaient présents, aux côtés de la famille du soldat, d'anciens combattants et de centaines de villageois, venus des localités environnantes.
Mamadou Hady Bah, cuisinier d'un postier français, avait quitté la Guinée avec son patron en 1938.
Lorsque la guerre a éclaté, il a appris que plusieurs de ses compatriotes avaient été enrôlés dans les rangs des Tirailleurs sénégalais, bataillon français des colonies, pour défendre la "patrie en danger". Alors, il décida, volontairement, de prendre part à la bataille, en demandant son incorporation dans l'armée française.
Arrêté une première fois par les Allemands le 18 juin 1942, il a profité de l'ivresse de ses geôliers pour s'évader. L'année suivante, il a été blessé d'une balle à la cuisse, puis arrêté de nouveau le 15 juillet 1943. Emprisonné, torturé par les Allemands, il est mort le 18 décembre 1943, à l'âge de 38 ans.
Il n'était pas marié, n'avait pas d'enfants. Mais le récit qu'a fait de sa vie le commandant D'Anselme a fait pleurer ses neveux, nièces, cousins, jeunes et vieux, qui ont reçu les "médailles de résistant" du disparu.
"Soixante ans après, la France n'a pas oublié... il n'est jamais trop tard pour bien faire", déclare le commandant devant l'assistance recueillie.
"Alors, dit-il, la France est là aujourd'hui, avec vous, pour qu'ensemble on se souvienne de Mamadou Hady Bah, ce vaillant combattant de la liberté, votre frère, votre oncle..."
Les anciens combattants présents crient "Vive la Guinée ! Vive la France". L'un d'eux lance "Vive le général Jacques Chirac", ce qui rend toute la foule hilare, après tant d'émotion.
La semaine dernière, deux neveux du soldat défunt ont été invités en France par l'Office national des anciens combattants (ONAC) pour découvrir la tombe de leur parent décédé il y a 60 ans, au cimetière militaire de Colmar (nord-est).
AFP
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