EOPLE, 16.08.2003
Décès de Idi Amin Dada
"Amin a payé pour ses péchés", a indiqué John Nagenda, conseiller pour les médias du président ougandais Yoweri Museveni, joint au téléphone à Kampala par l'AFP.
Il a précisé que les autorités ougandaises ne s'opposeraient pas au rapatriement du corps en Ouganda, où il pourrait être très vite enterré.
Un membre de la famille de l'ancien dictateur, joint au téléphone à Kampala et qui s'exprimait sous le couvert d'anonymat, a confirmé son décès, tout comme un responsable de l'établissement de Djeddah où il était depuis des semaines entre la vie et la mort.
L'ancien dictateur ougandais, âgé de 78 ans, se trouvait depuis plusieurs semaines à l'unité des soins intensifs à l'hôpital du roi Fayçal à Djeddah.
A la demande de membres de sa famille, les médecins de l'hôpital se sont toujours refusés à préciser la nature de sa maladie. Il souffrait notamment d'hypertension. Son règne de terreur avait commencé en 1971, après qu'il eut chassé du pouvoir le président Milton Obote. Il s'était terminé le 11 avril 1979 quand le dictateur avait été destitué par le Front national de Libération de l'Ouganda (FNLO) et l'armée tanzanienne.
De 100.000 à 300.000 Ougandais seraient morts ou auraient été portés disparus pendant la présidence d'Idi Amin Dada, selon diverses estimations.
Le "boucher de l'Afrique", fasciné par Hitler, a également expulsé d'Ouganda, ancienne colonie britannique, quelque 80.000 résidents indo-pakistanais. Il avait ensuite distribué les commerces et les plantations abandonnés à des proches qui les avaient menés à la faillite très rapidement. Il s'en était suivi une période de grave crise économique et de pénuries dans le pays.
Connu pour ses extravagances, l'ancien dictateur a également été accusé d'anthrophagie. Durant son règne sinistre, des témoignages ou d'insistantes rumeurs décrivent le Nil charriant des cadavres, une de ses épouses découverte découpée en morceaux dans une voiture ou les anciens serviteurs du palais évoquant des têtes humaines dans les frigos.
Le président Museveni, qui avait contribué à sa chute, avait affirmé le 22 juillet que si Amin Dada rentrait vivant dans son pays, il serait poursuivi pour ses "atrocités".
L'une des épouses de l'ancien dictateur avait demandé au gouvernement ougandais d'autoriser le rapatriement de son mari, afin qu'il puisse mourir en Ouganda. Amin Dada aurait dû passer ses dernières années en prison plutôt qu'en vivant un exil confortable en Arabie Saoudite, avait estimé le 21 juillet l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).
Nous regrettons qu'Idi Amin soit en train de mourir, sans avoir fait face à la justice, avait déclaré Reed Brody, directeur des enquêtes spéciales à HRW, basée à New York. Amin était l'un des tyrans les plus sanguinaires. Il est de plus en plus possible de poursuivre des dictateurs hors de leur pays. Malheureusement, cela n'a pu se faire à temps pour M. Amin, avait-t-il ajouté.
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