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OLITIQUE, 15.09.2003


les grandes puissances n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente sur l'Irak

Les principales puissances mondiales ont voulu donner de la direction de la planète une image rassurante, samedi, dans les riches lambris du Palais des Nations de Genève. «Nous sommes ici pour trouver des solutions et pas pour créer de nouveaux problèmes», affirmait le Français Dominique de Villepin, entouré des autres ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que du secrétaire général Kofi Annan. Un long entretien de quatre heures (trois de plus que prévu) n'a pourtant pas suffi à dessiner ces «solutions» qui visent à éloigner l'Irak du chaos dans lequel il est en train de plonger.

Faisant assaut de belles formules diplomatiques, les responsables ont tout fait pour camoufler autant que possible la profondeur de leurs divergences. Plus guère de menaces de faire usage du droit de veto parmi les représentants de ces pays qui en disposent tous au Conseil de sécurité; plus de diatribes assassines sur le bien-fondé ou non de l'intervention américaine en Irak, comme ce fut le cas ces derniers mois. «Nos discussions sont animées par un esprit constructif», n'ont cessé de répéter les participants. «Nous avons le même objectif», a voulu croire de Villepin.

En coulisses, le débat reste tranché. Face à des Etats-Unis qui appellent désormais la communauté internationale à l'aide, le même de Villepin expliquait ce week-end dans Le Monde le dessein de la France: «Respecter le sentiment national irakien.» Paris souhaite ainsi transférer en un mois l'essentiel du pouvoir aux Irakiens eux-mêmes, en consultation avec les Nations unies et non pas avec les Américains. Au printemps seraient organisées des élections pour achever de rétablir la souveraineté irakienne. En clair, si la France ne demande pas le départ immédiat des forces étrangères, elle a établi un calendrier serré pour mettre fin à l'occupation de l'Irak par les Etats-Unis.

Ces propositions seraient «merveilleuses», mais elles sont «irréalistes», a ironisé le secrétaire d'Etat Colin Powell avant même son arrivée à Genève. De fait, pour les Etats-Unis, le partage de l'effort financier et militaire ne doit en aucun cas compromettre leur rôle en Irak. «Il est toujours utile pour nous, Etats-Unis, d'écouter l'avis des autres», expliquait Powell à Genève. Mais quelques jours plus tôt, interrogé par la chaîne arabe Al-Jazira, l'Américain se montrait plus disert: «Il serait irresponsable» de transmettre trop rapidement le pouvoir aux Irakiens, estimait-il en faisant planer la menace d'un «chaos total».

Il n'était pas question, à Genève, de négocier à proprement parler les termes d'une nouvelle résolution qui sera débattue à New York, mais bien plutôt de «mettre sur la table les différends». Vu l'ampleur de ces divergences, l'entourage de Kofi Annan s'attendait cependant à ce que cette éventuelle résolution soit rapidement vidée de sa substance si elle veut avoir des chances d'être acceptée rapidement, comme le souhaite George Bush pour des motifs de politique intérieure.

En attendant, ce sont surtout les Nations unies qui aimeraient voir leur rôle clarifié. «L'ONU n'a pas abandonné l'Irak. Nous avons renforcé la sécurité de nos fonctionnaires. Et même si nous avons réduit nos effectifs, nous continuons de travailler», a affirmé Kofi Annan. Dans la décision du secrétaire général de choisir Genève comme lieu de réunion pesait lourd l'attentat du 19 août et la mort du haut commissaire pour les droits de l'homme Sergio Vieira de Mello. Dans un rapport très sévère présenté la semaine dernière, le secrétaire général ne cachait pas que la situation actuelle avait placé son organisation «dans une étape critique», tant font désormais défaut à son endroit «la confiance des Etats et de l'opinion publique mondiale.» A Genève, ses mots résonnaient comme un cri d'alarme: «Ce qu'il nous faut, c'est une résolution solide et valable qui pourra nous aider à convaincre les Irakiens que nous allons leur rendre le pouvoir. Il faut que nous puissions regagner leur cœur.»

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