RAK, 21.02.2004
le CICR rend visite pour la première fois à Saddam Hussein
BAGDAD (AFP) - Deux délégués du Comité international de la Croix Rouge (CICR) ont rendu visite samedi, pour la première fois, au président irakien déchu Saddam Hussein détenu par les forces américaines en Irak.
"Deux délégués du CICR, dont un médecin, ont rendu visite à Saddam Hussein samedi en Irak et ont pu rester avec lui suffisamment de temps pour examiner son état physique et moral", a déclaré la porte-parole du CICR, Nada Doumani, jointe par l'AFP à Amman.
"Conformément à ses règles, le CICR ne peut donner aucune indication sur l'état de Saddam Hussein. Le CICR, à la suite de cette visite, comme c'est le cas pour l'ensemble des prisonniers, fera ses remarques directement à la coalition", a-t-elle ajouté.
Les forces américaines ont capturé le président irakien le 13 décembre 2003 dans un "trou" souterrain d'une ferme du village Al-Daour, près de son ex-fief de Tikrit (180 km au nord-ouest de Bagdad), plus de huit mois après la chute de son régime.
Washington a formellement indiqué le 9 janvier qu'il était un prisonnier de guerre. Le CICR avait demandé plusieurs fois la permission de le voir.
Aucune indication n'a été donnée par les Américains sur le lieu de détention exact de Saddam Hussein après sa capture, mais un membre du Conseil de gouvernement transitoire irakien, Mouaffak Al-Roubaï, avait affirmé en décembre qu'il était détenu dans la région de Bagdad.
Sur le plan politique, l'administrateur civil américain Paul Bremer a jugé impossible de tenir des élections générales en Irak avant "un an à quinze mois", malgré l'impatience des chiites.
Pour l'organisation d'élections, "le problème principal est technique et (la résolution de) ce problème prendra du temps, soit un an à quinze mois", a-t-il dit à la chaîne de télévision Al-Arabiya, basée à Dubai. Il a cité l'absence d'un code électoral, de listes électorales et d'une loi sur les partis, signalée "la semaine dernière par les experts de l'Onu".
"Ceci est l'avis privé de M. Bremer et nous ne sommes pas tenus par lui, car la décision revient au peuple irakien", a affirmé à l'AFP Adnane al-Assadi, porte-parole du parti islamiste Dawa, représenté au Conseil de gouvernement transitoire.
"De nombreux membres du Conseil de gouvernement et des autorités religieuses veulent régler le dossier irakien avant l'élection (présidentielle) américaine", en novembre, a-t-il dit.
Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, qui a envoyé la mission d'experts, a écarté jeudi la tenue d'élections avant le 30 juin mais réaffirmé la nécessité de maintenir cette date pour le transfert du pouvoir, comme prévu dans l'accord du 15 novembre 2003 conclu entre M. Bremer et le Conseil de gouvernement.
Vendredi, les dignitaires chiites ont demandé que soit satisfaite la demande de leur figure de proue, le grand ayatollah Ali Sistani, d'élections générales rapides. Mais cette communauté majoritaire en Irak n'insiste plus sur un scrutin préalable au 30 juin.
Par ailleurs, un interprète irakien travaillant pour les Américains a été tué et quatre soldats de la coalition, vraisemblablement américains, ont été blessés dans une embuscade sur une route de Haswa, à 30 km au sud-ouest de Bagdad, a indiqué l'armée américaine.
Un chauffeur de camion jordanien a été tué par des tirs d'inconnus sur la route entre Falloujah et Bagdad, selon la police irakienne.
Enfin, le président en exercice du Conseil de gouvernement, Mohsen Abdel Hamid, a affirmé que le moment n'était pas approprié pour revendiquer le Koweit et la Jordanie mais que la question pourrait être soulevée à l'avenir.
Interrogé par un membre du Conseil consultatif de Bagdad, Mme Chaza Hadi al-Obeidi, sur les "territoires qui ont été amputés de l'Irak, comme la Jordanie et le Koweit", M. Abdel Hamid a répondu: "Nous avons besoin de nos frères arabes qui nous entourent. Maintenant, nous ne pouvons pas du tout leur parler de cette question mais dans l'avenir, on verra".
AFP