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Le Doyen M. Sy Savané a vu juste en affirmant que « La Guinée est enfermée dans la misère par quelques familles authentiquement mafieuses (...) »
Que « le pays est, dans sa totalité, enfermé dans un maillage serré de brutalité et de violence exercées par (...) Mr. Lansana Conté, assisté d'un groupe très restreint dont les figures emblématiques sont par exemple MM. Lamine SIDIME"premier Ministre", Fodé SOUMAH de la banque centrale, Moussa SOLANO, Kiridi BANGOURA, Fodé BANGOURA Ministre à la Présidence, Sylla Mamadou président par décret du patronat privé et le très inquiétant Italo-mafieux GUIDO SANTULLO.
Aussi, après le 21 Septembre 2003, nombreux sont nos compatriotes qui pensent à tort ou à raison que l'impossibilité d'une Alternance en Guinée pour mettre fin au règne de cette « famille authentiquement mafieuse » trouve ses origines dans l'incapacité de l'opposition à avoir une strategie commune.
Pour ma part, je pense qu' il est évident que l'on peut reprocher une certaine molesse et un manque de vision à l'opposition. On peut à raison dénoncer l'égoisme de ses leaders et le manque de cohésion en son sein. Mais peut-on lui imputer l'entière responsabilité de la situation actuelle du pays ?
A t-on oublié que le regime du General Lansana Conté est un clan militaro-affairiste et politico-mafieux et repressif dans le vrai sens du terme ? et que « Les fortunes captées ne supportent jamais la compétition. Elles ne peuvent tenir qu'à l'abri de tyrannie féroce » ?
Les caractère repressif et brutal de ce regime n'est plus à demontrer. Pour une simple protestation contre le manque d'eau et d'electricité on peut vous tirer dessus à balle réelle ? Cela ne pouvait d'ailleurs en être autrement, d'autant plus que le regime en place n'a jamais cessé d'être un regime militaire. Son chef est venu au pouvoir par la force, s'y maintien par la force.
Dès lors, on peut se poser les questions suivantes :
-L'Armée guinéenne est-elle vraiment muette ? En d'autres termes peut-on dire que l'armée n'a pas son mot à dire dans la confiscation du pouvoir par le Général Lansana Conté ?
-Quel est en realité le rôle joué par les officiers supérieurs dans le processus de démocratisation en république de Guinée ?
Ces questions me semblent d'autant plus légitimes qu'elles tentent d'apporter quelques réflexions sur « la longivité politique du Général Lansana Conté » jusque-là imputée à tort ou à raison à l'opposition.
L'Armée est par essence une Institution de l'Etat, et non d'un Gouvernement ou d'un regime. D'où son caractère permanent. A ce titre, elle a l'obligation de se mettre au dessus de tout conflit d'interet se situant en dehors de celui national. Sa mission ne doit souffrir d'aucune confusion : celle de défendre le territoire national, lorsque celui-ci est menacé aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur. Dès lors qu'elle s'ecarte de cette mission au profit d'un homme, d'un clan ou d'un gouvernement, elle perd automatiquement sa crédibilité. Les rapports de forces dans le paysages politique en Guinée aujourd'hui sont tels que, l'on peut se poser des questions sur la neutralité de la hierarchie militaire.
Par rapport aux menaces venant de l'exterieur, je dois dire sans ambage que notre Armée a été à la hauteur de la tâche. Elle s'est illustrée sur tous les fronts de libération sur le continent. Sa victoire contre la rebellion en 2001 aux frontières sud de la Guinée temoigne en faveur de ces affirmations. A ce niveau donc, l'armée de la république de Guinée a été et reste irréprochable.
Mais que dire de sa place et de son rôle dans le blocage du processus de démocratisation en Guinée ? Y contribue t- elle ?. En d'autres termes, des officiers supérieurs corrumpus n'ont-ils pas confisqué le pouvoir en Guinée en faisant maintenir un des leurs à la tête du pays par la force ?
Un bref retour en arrière nous aidera sûrememnt à nous situer sur ces questions.
Le 3 Avril 1984, l'armée s'emparait du pouvoir en Guinee, mettant ainsi fin à 26 ans de dictatutre du clan sekoutoureen. En proclamant officiellement avoir pris le pouvoir pour mettre fin aux calvaires du peuple de Guinée, et redonner aux guinéens la dignité et l'espoir par une politique de redressement national, de démocratisation et de restauration des libertés publiques et individuelles, elle sucita beaucoup d'espoirs.
Les évenements et les témoignages de certains officiers qui suivront cependant quelques années plus tard m'ont amené à douter de la bonne foi des putchistes du 3 avril 1984 et de croire qu'en fait, l'Armée n'a jamais eu l'intention de favoriser l'avènement de la DÉMOCRATIE et d'un ETAT DE DROIT en Guinée.
En effet, quelques temoignages d'officiers ont permis de savoir par exemple que le clan de Sekou Touré avait monté un vaste plan de mise aux arrêts de certains officiers concidérés comme « particulièrement dangereux », notamment ceux-là même que nous retrouverons à la tête du putsch. En clair, le coup n'avait pas été motivé par un quelconque élan patriotique pour libérer le peuple de Guinée d'un régime sanguinaire, mais plutôt pour sauver leurs têtes. Une fois arrivée au pouvoir, les reglements de compte qui s'en sont suivi, mettront au grand jour les conflits d'interêts personels qui gangrainaient le CMRN (Comité Militaire de redressement National) composé du cercle restrein des putchistes (Col. Lansana Conté, Col. Diarra Traore, Capit. Fodé Momo camara, Capit. Facinet Touré, Capt. M. Lamine Traoré, ) et des aditifs.
Ceci dit, on ne peut toutefois pas en déduire qu'il n'y avait ou qu'il n'y a pas d'officiers supérieurs sincères et patriotes dans l'Armée. Quelques uns croyaient en leur mission pour la Guinée. Mais ils étaient si minoritaires que, leur passage aux affaires a à peine été remarqué. Parmi eux, on peut citer le Capit. Fodé Momo Camara, ex-Ministre de la Coopération International, ex-ambassadeur. La plupart d'entre-eux ont été éliminés physiquement ou politiquement par le Général Lansana Conté, Facinet Touré, Mohamed Lamine Traoré, Kerfala Camara, pour ne citer que ceux-la. Un conflit d'interêt qui opposera Conté et ses compagnons ci-dessus cités se soldera par la victoire de ce dernier. Et, desormais, comme il le dira d'ailleurs plus tard, quiconque n'est pas avec lui, est contre lui. Le ménage ayant été fait, il n'est resté comme officier dans l'armée, que ceux qui partagent sa politique, ceux qui ont fait serment devant lui de le servir jusqu'à la dernière balle. Bref. Ceux qui ont interêt à ce qu'il reste au pouvoir.
A observer la politique d'intimidation et de repression du regime en place, on est en droit aujourd'hui de dire que la plupart des officiers superieurs actuellement en place dans l'armée sont des traîtres à la patrie. La plupart ont atteint l'âge de la retraite depuis longtemps. Mais ils sont encore en service. Et, ils sont tous devenus extremement riches. De par leur complicité, l'avenir de plusieurs générations est ainsi compromis.
Une solution préférable pour chasser le Clan-militaro-affairiste du pouvoir aurait été, bien entendu un soulèvement populaire. Mais après 46 ans de repression, d'appauvrissement et d'intimidation, il ne serait pas aisé de faire bouger la population. Naturellement, on pourrait facilement dire que dans certains pays, cela à marcher. Mais le problème n'est pas aussi simple qu'on le pense.
C'est dire donc que seule la force pourra le chasser de là. Mais puisque une opposition armée est synonyme de rebellion et de guerre civile, la solution la moins mauvaise aurait été UN COUP D'ETAT MILITAIRE, dirigé par des officiers patriotes. Un Putsch militaire est bien justifié et voire obligatoire pour mettre fin aux menaces que font peser Lansana Conté et son regime sur le pays.
Il ne me paraît donc pas exagérer de dire que ces officiers ont trahi leur serment initial qu'est la défense du territoire national, pour devenir une impitoyable force de répression au service d'une dictature. Ils doivent savoir que le régime actuel s'accroche au pouvoir grâce à l'instrument de terreur qu'ils sont devenus. Leur attitude peut être assimilable à la « Non Assistance à un peuple en Danger ». Plus, c'est une haute trahison envers le peuple de Guinée.
Dans tous les cas, et comme je l'ai toujours dit dans mes postings, l'histoire retiendra le rôle que chacun aura joué dans les moments difficiles d'un pays. Ceci est valable aussi bien pour les officiers superieurs corrumpus, que pour les cadres superieurs civils qui ont mis leurs connaissances et leur intelligence au sevice de la dictature de Lansana Conté. Ils auront tous, tôt ou tard à répondre de leurs forfaits.
Au total, la responsabilté du blocage du proccessus démocratique en Guinée doit être partagée. Sont responsables de la situation actuelle du pays, aussi bien la classe politique, la société civile, que les officiers supérieurs des forces de sécurites. Les uns, par leur égoisme et manque de stratégie claire, les autres pour leur complicité directe avec Lansana Conté.
Le changement ne sera possible que lorsque l'ensemble de ses forces muriront en « Force de changement ». Mieux, il faut que la force se mette au service du changement incarné par l'opposition et la société civile.
Une Analyse de Notre Correspondant
Souare Ismael ( Allemagne)
Pour Guineeinfo.com
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