URICH, 18.04.2004
Pas de Coupe du monde pour le Cameroun ?
On se souvient qu'à la veille de la CAN, l'équipementier des Lions Indomptables (la société Puma) avait révélé la tenue inédite du Cameroun: maillot et culotte étaient tout d'une pièce et non plus séparés. Avisant cette «excentricité», le Président de la FIFA l'avait déclarée non-conforme, contraire à l'article 4 des Lois du jeu. Sur la foi de la promesse faite à la FIFA par la fédération camerounaise, la FIFA avait alors décidé de faire preuve de clémence pour les trois matches du premier tour. Quel ne fut pas son étonnement de constater que lors du quart de finale contre le Nigeria, le 8 février, le Cameroun avait conservé la même tenue. L'instance supérieure du football mondiale avait alors décidé d'ouvrir une enquête. Deux mois plus tard, elle vient de rendre son verdict: impitoyable pour les Indomptables. Passe pour la sanction financière que l'équipementier pourra d'ailleurs acquitter car, dans cette affaire, il a naturellement sa part de responsabilité.
Puma est un récidiviste. En 2002, déjà, il avait dessiné des maillots sans manches qui avaient déjà fait bondir la FIFA. Cette dernière, outrée par ces débardeurs façon basket-ball avait demandé aux Camerounais de se couvrir le haut des bras pour la Coupe du monde. L'équipementier avait, pour sa part, réalisé de juteuses affaires, son maillot camerounais se vendant comme des petits pains, notamment en Asie. Quant à la sanction sportive, le Cameroun entamera début juin les éliminatoires du mondial- avec un handicap de départ de moins 6 points. Autant dire qu'à moins d'un miracle le Cameroun ne disputera pas en 2006 sa cinquième Coupe du monde consécutive.
Six points de retard sur la Côte d'Ivoire et l'Egypte
A l'heure du tirage au sort on avait déjà dit et écrit que son groupe était redoutable avec trois favoris pour une place: l'Egypte, la Côte d'Ivoire (qui a confirmé récemment ses ambitions en allant battre à Tunis, 2-0, le tout récent champion d'Afrique) et le Cameroun. A - 6 le coup est quasiment impossible, compte tenu également de l'affaiblissement de la sélection nationale. D'autant que le Bénin, la Libye et le Soudan, s'ils ne sont pas a priori outillés pour postuler la première place du groupe synonyme de qualification pour la Coupe du monde, lutteront pour une des trois places qualificatives pour la 25ème édition de la CAN organisée la même année en Egypte. Le coup est rude à avaler pour une banale affaire de tenues. En fait c'est la légèreté des dirigeants de la fédération qui est, comme d'habitude, en cause, et plus encore, le non-respect de la parole donnée. Il est évident qu'à la veille des élections présidentielles à la FECAFOOT son comité directeur doit endosser toutes les responsabilités et donner sa démission. Car il a gravement fauté. La sanction financière, même si elle est très lourde (probablement la plus lourde jamais infligée à une fédération du continent), est totalement justifiée. Reste la pénalité de points qui est une sanction sportive. Les footballeurs camerounais doivent-il payer sur le terrain les errements de leurs dirigeants? Poser la question, c'est, en partie, y répondre. Non, bien sûr.
La FIFA qui a toujours protégé les dirigeants en Afrique contre l'intrusion du politique aurait sans doute dû, cette fois, sanctionner les élus. Bien évidemment la sanction est susceptible d'appel. Il est indispensable de revenir en arrière dans cette affaire de points. Priver les Camerounais de Coupe du monde pourrait avoir parmi les conséquences d'encourager quelques-uns d'entre eux à changer de nationalité sportive et de se tourner vers d'autres sélections nationales. Y aurait-on songé à Zurich?
GérardDreyfus RFI
Photo(AFP):L'attaquant camerounais Samuel Eto'o dans la fameuse combinaison.