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TATS-UNIS, 20.04.2004


Colin Powell a été tenu dans l'ignorance des plans de guerre de George Bush contre l'Irak.

Colin Powell fut-il, avant le déclenchement de la guerre en Irak, un conseiller prudent au sein d'un gouvernement va-t'en guerre? Ou cherche-t-il aujourd'hui à sauver sa réputation personnelle en se démarquant d'une opération ternie par les difficultés et accablée de critiques ? L'ouvrage du journalistedu Washington Post Bob Woodward présente un récit vu de l'intérieur des cercles du pouvoir, basé sur des entretiens avec 75 personnalités impliquées dans la marche vers la guerre.
L'image de Colin Powell qui en ressort est celle d'un responsable à la fois avisé et loyal qui aurait prévenu le président George W. Bush des risques, mais qui s'est retrouvé marginalisé au sein d'une équipe dominée par les «faucons» comme le vice-président Dick Cheney, avec lesquels il entretient des rapports tendus. Dans un des passages du livre, il prévient clairement M. Bush, lors d'une réunion dans le «bureau ovale» de la Maison Blanche deux mois avant la guerre, que la reconstruction de l'Irak ne sera pas une partie de plaisir. «Vous comprenez les conséquences (...) Savez-vous que vous allez posséder cet endroit (l'Irak) ?», et donc assumer toutes les responsabilités d'une puissance occupante, demande M. Powell au président.
Mais M. Bush ne lui laisse guère de choix. «Etes-vous avec moi dans cette affaire?», lui demande-t-il, ce à quoi l'ancien général répond: «je ferai de mon mieux (.) Je vous soutiendrai, je suis avec vous, M. le président». Ce récit fait toutefois sourciller certains, qui trouvent qu'il fait la part belle au chef de la diplomatie américaine, soupçonné d'être lui-même l'une des principales sources de l'ouvrage. Si M. Powell était aussi sceptique face à la guerre, il aurait dû le faire savoir publiquement, et mettre sa démission dans la balance, estime notamment Maureen Dowd, éditorialiste au New York Times. «M. Bush n'aurait probablement pas écouté», mais «M. Powell aurait dû essayer», plutôt que de confier ses états d'âme a posteriori à un journaliste «qui relaie clairement ses vues», estime-t-elle.
Ce livre survient alors que M. Powell alterne depuis quelques mois «petites phrases» pour prendre ses distances avec les arguments invoqués pour partir en guerre, et assurances la main sur le coeur de son soutien à M. Bush. Le secrétaire d'Etat a ainsi laissé entendre en février qu'il n'aurait peut être pas conseillé de partir en guerre s'il avait su qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive dans ce pays. Il a ensuite reconnu qu'un argument-clé utilisé contre Bagdad -la présence de laboratoires mobiles pour produire de telles armes- ne reposait sur rien de solide. M. Powell donne ainsi le sentiment de chercher à atténuer les conséquences embarrassantes pour son image de la présentation qu'il avait faite en février 2003 devant l'ONU sur les armes illégales irakiennes, dont aucune n'a été trouvée.
Ces déclarations surviennent aussi alors que Washington doit faire face au regain de violence en Irak et aux craquements au sein de la coalition internationale qu'elle dirige. M. Powell a confirmé lundi avoir accordé des entretiens à l'auteur de «Plan of Attack», tout en démentant certains passages comme celui le présentant comme «à moitié abattu» après l'abandon des efforts diplomatiques à l'ONU. Il a aussi assuré, dans une émission de radio, ne pas avoir manqué à la solidarité gouvernementale. «Quand j'ai dit au président que cela serait difficile, spécialement quand nous serions responsables de l'Irak, j'ai fait mon travail», a-t-il déclaré. Il a assuré être «heureux que Saddam Hussein et son régime soient partis, que nous l'ayons fait et que le président nous y ait conduit».


AFP

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