HIONVILLE, 20.04.2004
Arnaque à l'humanitaire: prison pour le leader
L'association Solidarité enfants seuls avait un objectif des plus louables: venir en aide aux victimes des mines anti-personnelles en Afrique. Ses adhérents multipliaient les invitations à signer des pétitions sur les petits stands qu'ils installaient, en 2002, dans les galeries marchandes dans l'Est et ailleurs en France. Bien sûr, ils collectaient par la même occasion de l'argent en chèques ou en espèces. Le hasard a voulu qu'un commandant de la Police aux frontières (PAF) de Thionville soit incité trop vigoureusement à son goût à soutenir leur action dans la galerie du centre commercial Géric de Thionville. Après une patiente observation des agissements des trois Ivoiriens d'une trentaine années qui sollicitaient les bonnes âmes, la PAF les interpellait sur place ainsi que la présidente de l'association, un peu plus tard, en région parisienne. La façade charitable de l'association se craquelait bien vite après les interrogatoires et les perquisitions réalisés dans le cadre d'une instruction pilotée par le juge Marie-Cécile Dupuis. Train de vie élevé (vêtements de luxe, locations de véhicules...), transferts de très fortes sommes d'argent (plusieurs dizaines de milliers d'euros) vers le compte personnel ivoirien de l'instigateur désigné de l'arnaque, quasi absence de reversements de dons vers d'autres associations humanitaires.
Hier, à l'audience du tribunal correctionnel de Thionville, les acteurs de cette escroquerie à grande échelle n'ont pas tombé les masques. Placé en détention provisoire au début de l'affaire puis remis en liberté sous contrôle judiciaire quatre mois plus tard, Jean-Ange Niamké Kouakou, 36 ans, leader désigné de la petite organisation, ne s'est pas présenté devant ses juges. Idem pour Abdoulaye Soumahoro, 33 ans, qui devait aussi répondre de "séjour irrégulier en France et d'utilisation de faux documents". Néanmoins, la jeune présidente de l'association (23 ans) et son concubin amateur de fringues de luxe ont confirmé dans leurs dires à la barre leurs rôles subalternes, reconnaissant du bout des lèvres une arnaque bien ficelée.
Les deux absents du jour ont été condamnés, le premier à un an de prison assorti d'un mandat d'arrêt et le second à six mois de prison. Guy-Roland Abié, 29 ans, a évité l'incarcération, sa peine de quatre mois de prison couvrant exactement sa détention provisoire. Sa concubine, la présidente de Solidarité enfants seuls, écope de quatre mois de prison avec sursis.
Conakryonline