IALOGUE, 19.06.2004
Yemba (la région diamantifère) au cœur de l’actualité
Le président sierra-léonais, Ahmad Tejan Kabbah, a indiqué vendredi qu’un émissaire guinéen était attendu prochainement à Freetown pour entamer des négociations sur la région diamantifère de Yenga, revendiquée par les deux gouvernements. “Le président Lansana Conté a proposé de dépêcher un émissaire pour travailler avec le ministre de l’Intérieur sierra-léonais afin de résoudre enfin cette vieille question frontalière au sujet du Yenga”, a annoncé M. Kabbah à l’ouverture d’une session parlementaire. “La reprise du dialogue illustre notre volonté commune de construire la paix et la sécurité dans la région”, a-t-il ajouté, sous les acclamations des députés.
Bien que faiblement peuplée, cette ville-district de la province de Kailahun (300 km à l’est de Freetown) revêt une importance stratégique pour la Sierra Leone et la Guinée, en raison de ses gisements de pierres précieuses et des eaux poissonneuses de la rivière Makonnen, censée matérialiser la frontière entre les deux Etats. Elle est également située aux confins du Liberia, où 14 années de guerre civile quasi-ininterrompue ont déstabilisé toute la région jusqu’en août 2003. C’est depuis le Yenga que les rebelles sierra-léonais du RUF (Front révolutionnaire uni) entraînés et soutenus alors par le Liberia, ont lancé en 1991 leur attaque contre Kailahun, déclenchant un sanglant conflit qui a déchiré le pays durant dix ans. Et c’est toujours au Yenga que les milices Kamajor, favorables au gouvernement sierra-léonais durant la guerre civile, ont demandé à la Guinée d’intervenir lorsque leur voisin a offert l’aide de son armée en 1998 pour mater la rébellion du RUF.
Mais à présent, la paix rétablie en Sierra-Leone depuis janvier 2002, les autorités locales accusent les troupes guinéennes de violer la frontière pour se livrer au racket et à la contrebande, au risque de raviver les tensions et l’instabilité.
AFP
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