RAFIC, 20.03.--
Le trafic d´enfants est en hausse dans le monde
L´Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) estime à 1,2 millions le nombre d´enfants victimes, vendus chaque année pour servir de main d´?uvre dans l´agriculture, les mines ou le commerce sexuel. Les pays pauvres sont les premiers affectés par le phénomène, mais aucune région du monde n´est épargnée.
En marge d´un colloque organisé à Vienne, Helga Konrad, représentante chargée de la question du trafic des êtres humains à l´Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a affirmé vendredi: «nous n´avons pas de chiffre exact, mais nous savons qu´il est en progression partout, grâce à des rapports de police et des informations qui nous sont données par des organisations non-gouvernementales». «Apparemment, précise-t-elle, tous les 55 pays d´Europe, d´Amérique du Nord et d´Asie centrale sont touchés par le phénomène» et, selon ses déclarations, un «point de contrôle», installé à Belgrade pour surveiller les Balkans, a permis d´établir que «la traite des enfants de moins de 18 ans, [avait] doublé dans l´Europe du sud-est au cours des trois dernières années».
Avec quelque 1,2 millions de victimes, les enfants représentent 30% de la traite d´êtres humains dans le monde. A l´origine du phénomène, la pauvreté des pays affectés est le premier facteur incitatif pour les parents à vendre leurs enfants contre une poignée de dollars ou d´euros. La traite des enfants pour le commerce sexuel augmente car les trafiquants pensent qu´ils sont moins susceptibles d´être porteurs du virus du sida. Les enfants sont également vendus pour effectuer des tâches domestiques ou agricoles.
La pauvreté des pays comme principal facteur responsable
Selon Mike Dottridge, spécialiste des droits de l´Homme et des droits de l´enfance, la traite des enfants en Europe s´est développée après la chute du communisme en 1989 et l´ouverture du rideau de fer qui séparait l´ouest et l´est au temps de la Guerre Froide : «le trafic d´enfants est très florissant en Russie». Par ailleurs la pédophilie a été encouragée par Internet.
En Afrique, le trafic est très préoccupant. La police nigériane, par exemple, a intercepté le 5 mars dernier un camion à Amukoko, dans un quartier de Lagos, et découvert 64 personnes dont une femme considérée comme le suspect numéro un du trafic et 52 enfants, âgés de un à quatorze ans, dans un conteneur servant habituellement au transport du poisson surgelé. Venant majoritairement de l´Etat du Niger (sud du Nigéria), les enfants étaient, selon les déclarations des suspects «destinés à travailler dans les familles à Lagos».
Si l´on pointe le curseur sur une autre région du monde, le Fonds des Nations unies pour l´enfance (Unicef) et le ministère yéménite des Affaires sociales dénoncent un trafic d´enfants yéménites -dont «les plus jeunes ont sept ans»- vers l´Arabie saoudite. «La majorité des victimes sont des garçons âgés de 10 à 16 ans», précise Ramesh Shrestha, représentant à Sanaa de l´Unicef. Ce trafic, qui touche des milliers d´enfants, a pour origine l´extrême pauvreté qui sévit dans le nord du Yémen, notamment la province de Hajjar, limitrophe de l´Arabie saoudite. Selon une étude du Centre yéménite pour les études sociales, c´est une conséquence indirecte de la première guerre du Golfe. Envoyés en Arabie saoudite pour travailler, les enfants «envoient chaque mois de 200 à cinq cents dollars par mois à leurs familles», indique Ramesh Shrestha.
Une tolérance zéro
Pour éradiquer ce phénomène, il est impératif de mettre en place des mesures de protection de l´enfance. L´OSCE préconise l´attribution à ces enfants de «logement, de tuteur et d´éventuel rapatriement, plutôt que de régulariser leur situation dans le pays où ils ont échoué». Ponctuellement, jeudi 17 mars, sur intervention du diplomate français Yves Gaudeul, ambassadeur au Nigéria, la France a fait un don de trente mille euros à des responsables de l´Agence nationale de lutte contre la prohibition du trafic humain (NAPTIP) pour aider les enfants interceptés à Amukoko, à retrouver les leurs au Nigéria: «Cet argent doit être destiné à l´achat de vêtements, de nourriture, de kits médicaux de première urgence et pour payer le transport afin qu´ils rejoignent leurs familles».
Bien entendu le trafic lié à la prostitution enfantine ne vaut que parce qu´il y a une clientèle. Helga Konrad martèle: «en plus de la tolérance zéro pour ces pratiques, des lois sévères doivent [également] être promulguées et appliquées». Elle dénonce le fait que «seulement 32 pays ont des textes législatifs permettant de poursuivre leur ressortissants qui se seraient rendus coupables d´abus sexuels à l´étranger».
RFI
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